Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/271

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moindre délai de notre part pouvait amener la destruction totale.

Nous reprîmes la marche, ayant à notre tête le capitaine José Rufino, qui connaissait bien le chemin. La nuit, quelque sombre et orageuse qu’elle fût, ne nous dérobait pas la trace de la route qui s’ouvrait devant nous, large et plane. Le pas était précipité. Il ne nous restait que peu de malades, en ayant perdu plusieurs en même temps que le sous-lieutenant Moniz, les jours précédents ; cependant les soldats qui se relayaient pour porter les litières commençaient à murmurer et menaçaient de se débarrasser de leur charge.

Ce principe d’insubordination, qui n’allait pas à moins qu’à tout perdre, n’eut pas le temps de se développer. Le commandant, averti à propos, vint à toute bride sur les mutins, le sabre haut, et les trouva demandant grâce.

Dès ce moment, le silence fut observé dans la colonne comme l’ordre en avait été donné. Tout à coup, au milieu de la route, un poste de Paraguéens auxquels les sifflements du vent et les roulements du tonnerre avaient dérobé tout soupçon de notre approche, se trouva de-