Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/291

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paraît que les Paraguéens trouvèrent un reste encore considérable de ces approvisionnements, le temps n’ayant pas suffi pour tout retirer. Il y existait une grosse réserve de cartouches ; et ce fut peut-être ce qui leur donna la première idée de l’horrible machination dont ils se firent un jeu. Après avoir enlevé ce qui était le plus à leur convenance, ils laissèrent le reste sans le détruire, pour nous amener et nous retenir le plus longtemps possible autour d’un amoncellement d’objets sous lesquels ils placèrent un baril de poudre avec traînées.

Nous ne pouvions avoir aucun soupçon de ce guet-apens, et en vue des cartouches que nous avions à transporter, nous prîmes les précautions d’usage contre la possibilité d’une explosion. Pendant que notre monde travaillait dans l’église, des sentinelles veillaient à ce qu’aucun feu ne fut allumé alentour.

Il fallut qu’un malheureux soldat rencontrât par terre un briquet dans l’édifice, et que l’inconcevable fantaisie lui prît de s’en servir ; aussitôt, une étincelle tomba sur quelques grains de la poudre dont le pavé de la nef avait été semé, et il se serait produit une conflagration instan-