Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/292

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tanée sans l’humidité du sous-sol, très grande alors, ou si les traînées eussent été continues ; mais elles ne l’étaient pas. Pour mieux nous tromper, les Paraguéens n’avaient répandu la poudre que sobrement et inégalement, avec le soin minutieux et les habiles calculs du sauvage qui prépare ses méfaits. On ne vit d’abord briller que de petites flammes, et çà et là s’élever successivement de légères spirales de fumée. Des soldats se précipitaient pour arrêter le feu au moment où il gagnait déjà ; mais les officiers présents, jugeant mieux le péril, ordonnèrent d’évacuer l’église à l’instant. À ce commandement, on courut en foule aux portes ; l’accumulation même y gênant la sortie, l’explosion eut lieu avant que tout le monde se trouvât dehors. Peu s’en fallut que tout l’édifice ne sautât, les parois furent ébranlées : mais l’ensemble résista ; autrement tous ceux des nôtres qui se trouvaient là eussent péri infailliblement, écrasés sous les décombres.

Le fracas et la secousse furent terribles à entendre et à sentir jusque sur le point éloigné où nous étions avec le commandant. Un grand cri accompagna l’explosion, un silence la suivit ;