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Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/54

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rues allant aboutir à la façade de l’église paroissiale, et bordées toutes deux de maisons bâties à peu de distance les unes des autres.

De l’église il ne restait que les murs latéraux, le squelette de la tour, son coq en fer-blanc et une croix sculptée au sommet du fronton. Elle avait été construite par les soins d’un vertueux missionnaire italien, Frère Marianno de Bagnaïa, qui non seulement y avait employé le produit des aumônes recueillies par lui-même dans tout le pays avec un labeur et un zèle infatigables, mais encore y avait en partie consacré les modestes honoraires de la cure. Les tristes restes de cette église saccagée par les Paraguéens, qui lui prirent jusqu’à ses cloches, avaient été quelque temps auparavant témoins d’une scène qui nous semble mériter ici quelque place.

Le 22 février 1865, le Père Marianno, quittant les bords du rio Salobra où il s’était réfugié à l’approche de l’invasion, était revenu de lui-même se livrer aux Paraguéens pour faire appel à leur pitié en faveur de sa malheureuse paroisse. Son premier soin, en arrivant au bourg, avait été de courir à sa cathédrale, la plus vive de ses sollicitudes. Un spectacle déso-