Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/59

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l’apanage des peuples civilisés ; la manifestation, extérieure du moins, en est bien rare chez l’homme primitif. Cependant les grands traits d’une scène majestueuse de la nature ont pu une fois pénétrer l’enveloppe matérielle du sauvage et unir à l’auteur de l’œuvre le rude spectateur émerveillé. Le premier Guaycourou qui porta les yeux sur cette zone enchantée ne put retenir une exclamation de surprise ; de sa voix gutturale et profonde, il jeta le mot Lauiâd, qui y demeure fixé pour toujours.

À quatre lieues de Lauiâd se trouve la Forquilha, où le Nioac se réunit au Miranda.

Tous ces lieux sont d’une beauté sans égale.

Une hauteur, entre autres, d’où l’on domine les rives boisées du Ouacogo, du Nioac et du Miranda, enlaçant la plaine dans leurs courbes convergentes, offre un aspect qui dépasse encore, s’il est possible, celui de Lauiâd, et si suave, si brillante est la lumière qui revêt tout le pays, qu’involontairement l’imagination vient prêter sa magie à cet ensemble irrésistible des charmes de la terre et du ciel. Les fraîches eaux du Nioac, encaissées entre des bords élevés, cou-