Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/69

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(Pedra de Cal, entre autres) ; au nom du Brésil il avait pris possession, lui seul, d’une immense forêt au milieu de laquelle il avait planté une croix grossièrement équarrie sur les lieux et portant l’inscription ébauchée de sa main : « P. II » (Pierre second) : pièce de bois imposante, perdue au fond des déserts ; l’initiative du pionnier avait créé des domaines au souverain.

Dans un voyage entrepris pour étudier la navigation de la rivière Doïrados[1], il s’était fait à la plante du pied une grave blessure, dont il ne guérit jamais complètement. Un jour, comme nous regardions cette plaie à demi cicatrisée, mais toujours saignante, il nous dit : « Le gouvernement m’avait promis, pour me dédommager, une récompense de trois cent mille reis, qu’il ne m’a jamais payée : je l’en tiens quitte. C’était une décoration qui m’était due : je l’ai ici, je ne veux plus rien. »

Il avait résidé pendant sept ans avec sa famille dans le Paraguay ; mais, à l’époque de l’invasion, il était de retour sur le sol brésilien, habitant sur le bord de la rivière Miranda une propriété à lui qu’il appelait le Jardin, fertilisée

  1. Affluent du Parana.