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Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/86

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respectueusement, tête nue. Le père ne descendit pas de cheval, tendit sa main droite tremblante, que le fils baisa ; puis le vieux guide donna par signe sa bénédiction, et passa sans avoir dit un seul mot.

C’était une scène patriarcale, et le cœur de l’homme étant toujours sensible aux grandes choses, nous nous regardions d’un air étonné et comme nous demandant les uns aux autres si ce n’est pas faiblesse à des soldats de ne pas pouvoir toujours retenir leurs larmes.

Quelle émotion ne devait pas ressentir le vieillard en revoyant son fils échappé aux mains de l’ennemi ! Quelle douleur aussi de songer que les autres membres de la famille restés en captivité avaient perdu leur plus vaillant défenseur !

Quand nous lui en parlâmes, il aspira une longue prise de tabac et nous dit : « C’est Dieu qui fait tout. Dieu l’a voulu ! J’ai été heureux autrefois, j’ai eu une maison, une famille. Aujourd’hui je couche à la pluie, je suis seul, je mange ce que me donne la charité. »

« Mais nous allons trouver des maisons à Bella Vista, lui répondîmes-nous ; vous avez