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Page:La Revue, volume 56, 1905.djvu/94

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L’âme chevaleresque du Japon


On l’exprime en un seul mot : Bushido !

La traduction littérale est : « Règles de conduite des guerriers », c’est-à-dire « devoirs de la chevalerie », ou, plus brièvement « Chevalerie ». Bushi est un terme sino-japonais, signifiant sentinelle, escorte, comme en anglais « knight », et en allemand « knecht », dans leur acception primitive. Chez les Japonais, il est synonyme de Samurai, « l’homme à deux sabres du Japon féodal » ; mais depuis, il a été appliqué à tous les combattants japonais de l’armée de terre et de mer.

« L’Âme du Japon », tel est le sens que donnent au mot Bushido des écrivains distingués, comme le baron Suyematsu et le Dr Inazo Notibé. Il serait peut-être plus exact de traduire par « l’Esprit du Japon ».

On dit aussi Yamato-Damashii pour rendre l’idée d’Esprit du Japon. Mais cette expression est symbolique ; elle fait allusion à la fleur du cerisier, qui est aussi l’emblème de la marine japonaise. Voici, à ce sujet, une citation du poète Motoori :

 « Îles bénites du Japon.
Si des étrangers essayent de pénétrer l’Esprit d’Yamato,
Dites-leur ceci :
La fleur du cerisier s’épanouit, sauvage et parfumée,
Sous les rayons roses du Soleil Levant. »


I

C’est le Bushido, à en croire les Japonais, qui leur a valu leurs succès passés, et c’est lui qui leur vaut leurs victoires actuelles sur les Russes. Cette conviction, que partage l’état-major général, le maréchal Yamagata a essayé de l’exprimer en remettant aux attachés militaires étrangers et à quelques-uns de nous, correspondants de la guerre à la suite de l’armée japonaise, un exemplaire, en une édition de luxe, du fameux livre du Dr Nitobé sur le Bushido. Dans ce livre, dont l’original est en anglais, l’auteur dit ceci :

« C’est grâce à ses canons Krupp et à ses fusils Murata, a-t-on dit, que le Japon est sorti victorieux de sa dernière guerre, et ce