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LA SOURCE


Sous la fenêtre au noir grillage,
Sans cesse on entend couler l’eau.
On se croirait en un village
Où doucement chante un ruisseau,
Ou bien dans les bois, sur la mousse,
Ouïr la source claire et douce
Qu’aiment le pâtre et le troupeau.
Ô source, coule, coule,
Coule, coule toujours.
Ainsi roule la houle,
Ainsi tombent les jours.

La nature, féconde mère,
Abreuve le tigre et l’agneau.
Ils apaisent leur soif entière
Sans jamais tarir le ruisseau.
Le soleil est à tous les êtres ;
Les hommes seuls donnent des maîtres
Aux bois, à l’herbe des coteaux.

Quand la neige couvre la terre,
Les loups hurlant au fond du bois,
Devant leur commune misère,
Ont les hasards pour seules lois.
L’homme, sur la grande nature,
Pour quelques tyrans la capture,
Burlesque et naïf à la fois.

De toutes les sources du monde,
La seule que rien ne trahit,
Qui, par bouillons, s’élance et gronde,
C’est le sang coulant jour et nuit,
Par les monts et par la vallée.
À ses quatre veines, saignée,
La race humaine, sans répit,