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Elle saigne, elle saigne encore.
Et la goule société,
Sans cesse, du soir à l’aurore,
De l’aurore au soir, la dévore,
Horrible de férocité.
Et nul encore, sur la mégère,
Afin de délivrer la terre,
D’un bras assez sûr n’a frappé.

Pourtant, la fourmilière humaine
Manque d’abri, manque de pain.
On sait que toute plainte est vaine
Des petits qui meurent de faim.
Toute révolte est enchaînée.
La terre semble abandonnée
Au privilège souverain.

Ah ! que vienne enfin l’anarchie !
Ah ! que vienne l’égalité !
L’ordre par la seule harmonie,
Le bonheur dans la liberté !
Voici se lever, sur le monde,
Une époque grande et féconde,
Les jours d’un séculaire été.
Cesse, ô source sanglante,
Coulant depuis toujours
Monte, houle géante.
Tombez, heures et jours !


Louise MICHEL.
(À travers la Mort.)  (Prison de Vienne, mai 1890)