Page:La Revue blanche, Belgique, tome 2, 1890.djvu/217

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


REQUIESCAT IN PACE.

Ne crois pas que les morts soient morts
Tant qu’il y aura des vivants.

(Chansons de Miarka. Richepin).

Comme il rentrait du lycée, abruti par sa journée de service, le concierge lui dit, en lui tendant ses lettres et sa clef : « M. Tardieu est mort ce matin, à 11 heures. » Il eut un « Ah ! » indifférent, et machinalement il ajouta le « c’est bien triste » de rigueur, puis passa outre ; quel intérêt cela pouvait-il avoir pour lui ?

Pourtant, quand il fut dans sa chambre, il pensa, tout en rangeant ses livres : « Tiens, tiens ? Mais si Tardieu est mort, sa femme est veuve ? » Cela lui fit plaisir de découvrir que Mme Tardieu était veuve, et il tira de cette idée une foule de déductions satisfaisantes. Alors, il se dit hypocritement, qu’il devait lui porter ses condoléances, ne fut-ce que pour se mettre en règle avec la mémoire de son mari, professeur au même lycée que lui ; du reste, il lui avait été présenté, l’avait revue aux distributions de prix, aux solennités religieuses.