Page:La Revue blanche, Belgique, tome 2, 1890.djvu/224

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le sang lui battait aux tempes et brûlait ses oreilles ; la même émotion lui montait à la poitrine, et les souffles venus du jardin éveillaient sur sa peau des frissons sensuels. Elle regarda au-dessous d’elle le cou de Moige, et fit à part cette réflexion qu’il devait avoir la peau très douce, et des muscles suffisants ; elle s’arrêta complaisamment sur cette pensée et sur ses conséquences, tout en énonçant négligemment :

Mesdemoiselles Toullé,
à Lormaison,
(Oise).

Elle regarda ensuite le profil de Moige, et trouva qu’il portait bien son lorgnon bleuté ; dès lors elle entrevit la possibilité d’un fait qu’elle évita de préciser. Des langueurs la prenaient aux genoux.

Monsieur le comte d’Ecrehous,
3, rue de Prony,
Paris.

Maintenant, ils vibraient à l’unisson, l’accord inconscient s’était fait, et la même émotion les poignait au même degré. Ils voyaient se détacher, sur le fond factice de leurs pensées du moment, une idée unique, nécessaire.

Monsieur et Madame Bréautet,
34, rue Saint-Marc,
Paris.

L’orage était imminent, les effluves du dehors entraient à torrents, charriant des papillons, enveloppant le couple ; une grosse mouche bruissante traversa la chambre, tourna autour de la table et repartit, laissant en sillage un petit frémissement d’ailes.

Nettement, l’Idée s’imposa.

Monsieur le capitaine de vaisseau Bérieux,
à bord de la Junon,
en rade d’Alger.

Ils furent pris d’une folie brutale ; l’un écrivait sans savoir