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LEGENDE

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— Et je m’en fus rêver d’oubli dans les fleurs pâles Où des parfums d’amour dormaient ensevelis. Dans mon âme il neigeait des baisers de pétales... Et dans l’âme des fleurs je me suis endormi.

C’était dans la neige des fleurs Comme des baisers de douceur Qui berçaient mon âme pâlie.

Et mon âme parmi les fleurs Qui berçaient sa mélancolie A cru s’endormir aux baisers De celle qui vint à passer Auprès des étangs endormis,

Auprès des étangs de silence Et près des fleurs de somnolence Ou sa vision a glissé Pour avoir voulu les bercer.

Et les fleurs doucement se penchent vers les eaux Où jadis elle vint se mirer en rêvant. Et celle qui noya du ciel en se mirant, Ce sont ses yeux qui me berceront dans les flots.

Son regard sur moi s’est posé ; Car les eaux viennent me bercer D’un infini mystérieux. — Les flots sur mon âme ont passé. Voici que sombre du passé. Et tous mes sanglots de jadis S’endorment dans les eaux d’oubli Où de la mort vient me bercer. — La mort me berce dans ses yeux.

Les fleurs ont endormi mon âme en se fanant. Mais dans les flots ont sangloté leurs parfums las. Et les eaux doucement viennent ensevelir Mon âme qui pleurait et rêvait de mourir,

Mon âme qui pleurait celle qui s’en alla Dans des parfums de fleurs et des reflets d’étangs, Mon âme qui rêvait de mourir en l’aimant.

Louis Lestelle