Page:La Revue blanche, t12, 1897.djvu/262

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ville venaient remplacer la garde nationale du xvie arrondissement qui n’était pas du tout communaliste. Pour moi j’ai quitté Paris et ai été rétablir ma santé assez ébranlée.

— Des historiens vous ont prêté un rôle de conciliation entre les deux partis.

— J’ai pu tout au plus en exprimer le désir, mais j’ai quitté Paris, dès les premiers jours.

— Quelle est votre opinion sur la Commune ?

— Ce n’étaient ni des incapables ni des voleurs, mais des brouillons. Ils ont subi les conséquences de leur origine révolutionnaires. Jourde était un homme capable. Beslay délégué à la Banque était un honnête homme. Pour ce qui est de la fin je n’ai pas assez d’horreur, assez de colère contre les incendies et les exécutions. Chaudey a été fusillé sans jugement, sans raison, je n’ai pas de mépris, de haine assez forte…

— Ne trouvez-vous pas une excuse à leur conduite dans la façon dont agissaient les Versaillais.

— J’aurais admis qu’ils traitassent les prisonniers versaillais, comme les Versaillais ont traité les leurs. Mais ce qui est odieux, ce sont les fusillades de prêtres qui ne pouvaient se défendre, les exécutions sommaires, les incendies.

— Que pensez-vous de la répression ?

— Elle a été ce que sont toujours les répressions après les luttes, violentes. Elles ont toujours le même caractère.

— Avez-vous été personnellement recherché ?

— Non, mais comme maire j’avais des fonds, je les avais mis à l’abri et je les ai rendus à l’État en mai. À mon départ on a arrêté mon chef de bureau et mon caissier, mais ils ont été relâchés au bout de très peu de temps.

— L’organisation parlementaire ?

— Une assemblée de bataille, une Convention.

— Militaire ?

— Aussi vacillante que possible. Ils n’en avaient pas, les chefs, changeant à chaque instant.

— Financière ?

— Jourde était un administrateur habile.

— Administrative ?

— Ce n’était pas de l’administration.

— L’influence ?

— Considérable sur le chef de l’État, M. Thiers. Influence favorable à la République en ce sens que pour empêcher l’idée communale d’envahir les grandes villes, M, Thiers s’est prononcé pour la République. Vraisemblablement sans la Commune M. Thiers se serait prononcé pour la Monarchie et tout était fini. D’autre part la Commune a retardé l’accession à la République des départements modérés. Dans les luttes électorales, les conservateurs établissaient des confusions volontaires entre républicains et communards. J’ai moi-même été traité de communard ! D’ailleurs la Commune a