Page:La Revue blanche, t12, 1897.djvu/549

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pour Minius Cerrinius qu’on interna provisoirement à Ardée, avec ordre d’empêcher à tout prix son suicide, parce qu’il était de Campanie et qu’on espérait lui arracher par tortures ou promesses des révélations sur les orgéons de l’Italie méridionale, alors en pleine révolte ; mais on peut supposer que les espérances de la République furent vaines, car il n’est dit nulle part que le Sénat lui ait décerné quelque récompense. Hispala, au contraire, épousa son Aebutius.

Le péril était conjuré, mais la lutte n’était pas encore finie. Les orgiastes échappés de Rome avaient parcouru l’Italie, appelant leurs frères à la révolte et à la vengeance. Il n’y eut pas de mouvement sérieux dans le Latium, ni en Étrurie, parce que les consuls s’y transportèrent aussitôt pour écraser toutes tentatives de résistance ; mais l’insurrection des esclaves d’Apulie put organiser, dans les montagnes de l’Apennin, le régime nouveau. Les communistes eurent d’abord l’avantage : durant les derniers mois de l’année 186 et les premiers de l’année 185, ils se maintinrent dans les pâturages publics, occupant les routes et coupant les communications. Ils furent enfin écrasés par le prêteur L. Posthumius, qui en extermina plusieurs milliers sans compter les membres du gouvernement insurrectionnel qui, déjà prévenus dans le procès des conjurés de Rome, furent jugés militairement ou renvoyés au Sénat.

L’aristocratie romaine s’acharna contre les restes de la conjuration anti-sociale, et ceux qui avaient pu échapper en 186 furent impliqués bientôt, à la faveur d’une épidémie, dans des procès d’empoisonnement : sous prétexte de ne pas effrayer le peuple, les prêteurs emmenaient ces malheureux dans les environs de Rome où on les expédiait sommairement. Grâce à l’activité des magistrats, en deux fournées Quarta Hostilia, veuve d’un consul, et six mille personnes environ périrent encore.

Albert Delacour