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Page:La Revue blanche, t15, 1898.djvu/194

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de Perpignan, qui recueillerait les régiments espagnols. Vous feriez filer vos blessés et vos malades sur Nîmes, où l’Empereur aura son quartier général et une partie de ses approvisionnements. Vous vous appuierez sur la voie de fer Nîmes à Riom, qui sera celle de vos ravitaillements. La réunion de l’armée s’opérera entre les Cévennes et le Rhône, sous la protection de la ligne St-Étienne-Rive-de-Gier-Givors. Vous formerez l’aile gauche ; le Sénéchal Flaissières, le centre ; et les Internationalistes genevois, l’aile droite. De cette façon, que l’attaque vienne du centre, Bourges-Dijon, ou du Dauphiné, il suffira de faire face en avant, ou face en arrière. Il semble probable que les armées socialistes septentrionales, belges et hollandaises occuperont suffisamment les corps capitalistes de Langres et de l’Est pour que votre tâche se borne d’abord à installer fortement une brigade vers Riom, dont la protection vous permettra d’agir selon les événements vers Lyon ou vers Dijon. Dans ce dernier cas, le Sénéchal Flaissières aurait occupé Lyon, et les Internationalistes marcheraient aussi sur Dijon par la ligne Lausanne-Pontarlier-Dôle, dans le but d’opérer entre Langres et l’Argonne, la jonction définitive des trois forces méridionale, septentrionale, internationaliste, après quoi, S. M. l’Empereur aviserait.

Le Major général, prince
de Neuchâtel


XVIII
S. M. L’EMPEREUR DES FRANÇAIS À S. M. L’EMPEREUR D’ALLEMAGNE
29 janvier 1898.

Sérénissime et très puissant Prince, Monsieur mon très cher et très aimé bon frère, nous avons reçu la lettre par laquelle Votre Majesté a bien voulu nous faire part de la résolution qu’elle a prise et effectuée d’occuper la baie de Kiao-Tchéou et de marquer ainsi son désir de faire pénétrer en Chine l’influence européenne d’une manière durable. Nous pensons, comme Votre Majesté, le temps venu, de réunir en un même état économique, l’étendue du vieux monde, afin qu’aucun sujet de guerre ne puisse, dans les siècles suivants, interrompre jamais l’essor de la pensée savante et humanitaire. Le malaise ressenti en Europe aussi bien qu’en Amérique par le quatrième État, provient de ce que, ayant augmenté son domaine intellectuel, des besoins lui sont nés, dont la satisfaction ne peut être attendue du présent régime industriel. Les quatre cent millions de Chinois habiles dans les métiers, dépourvus de besoins matériels excessifs, peuvent facilement remplacer les Européens du quatrième État, au labeur de créer le machinisme nouveau qui réduira au vingtième la nécessité du travail humain. Dans sa grande sagesse, Votre Majesté Sérénissime a pensé que les ouvriers européens devaient se répandre en Chine afin d’instruire aux tâches mécaniques de production ce peu-