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Page:La Revue blanche, t15, 1898.djvu/281

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information les armées hongroises et celles recrutées en Bohême comme neutralisées en notre faveur. Donnez souvent des nouvelles.

Le Major général, prince
de Neuchâtel


XXIV
L’EMPEREUR À M. LE COMTE MOURAVIEV
5 février 1898.

Je vous ai mandé. Monsieur, que, si nous parvenions à changer l’ordre de choses sociales existant à l’ouest de l’Europe, rien ne serait modifié des relations qui unissent étroitement les états de S. M. le Tzar à ceux de la République Française. L’Allemagne arme d’une manière redoutable. La Cour de Vienne fait de grandes protestations auxquelles son extrême impuissance m’engage à croire. Quoi qu’il en soit, je pourrai, le lendemain de l’événement faire face à tout. La conscription que je viens de lever s’apprête. Je suis muni de tout et je ne manque de rien. Guerre ou paix, je ne me séparerai pas de votre fortune de mon gré. J’ai entre le Rhône et les Cévennes près de 150 000 hommes que les Communes de Lyon et de Marseille ravitailleront. Le mouvement au Nord est d’un succès certain. Cinq jours après la déclaration de grève générale, la Hollande, la Belgique et les Flandres françaises seront au pouvoir de la République sociale, qui sera proclamée en même temps à Genève et à Palerme. Paris ne tardera point à céder. Les jeunes officiers brevetés de l’armée française nous semblent à peu près acquis. Ces capitaines, ces commandants, ces colonels savent que, du jour au lendemain, ils seront substitués aux chefs de brigade, de division et d’armée ayant passé cinquante ans d’âge. L’affaire Dreyfus les remplit d’espoirs, et agite leurs légitimes ambitions. Cette aventure les débarrasse des ignares et des podagres auxquels seule la discipline les soumettait. L’armée française munie de jeunes officiers généraux instruits à l’École de guerre sera du jour au lendemain en excellentes dispositions.

N’ayez sur les affaires politiques aucune inquiétude ; marchez comme si de rien n’était. Si véritablement je dois supporter l’assaut de l’Empereur Guillaume, mes mesures sont bien prises et si sûres, que l’Europe n’apprendra mon départ de Lyon que par la ruine entière de nos ennemis.

Tenez secrètes toutes les dispositions qu’il est inutile de laisser connaître ; il est bon qu’on ne les apprenne que par la victoire, surtout celles-ci.

Les dispositions de défense contre l’invasion allemande, préparées depuis vingt-sept ans à la frontière est de la France, sont telles que, pour les forcer, deux mois au moins paraissent nécessaires à des armées heureuses. La proclamation de la République sociale en Pays-Bas retarderait, pendant le même délai, le mouvement tournant tenté au nord. De ces deux côtés, les troupes de couverture actuelle-