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Page:La Revue blanche, t15, 1898.djvu/282

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ment en garnison dans les places de Flandres, de Champagne, de Lorraine, sur le plateau de Langres, suffiraient à maintenir la barrière contre le flot germanique, six semaines au moins.

J’ai donc jugé convenable d’ordonner la mise en route de toutes les divisions françaises autres que celles désignées ci-dessus que renforceront leurs réservistes et l’armée territoriale. Les autres divisions seront dirigées par les moyens les plus rapides sur les Alpes. Elles seront rejointes par toutes les forces dont la France pourra disposer au centre, à l’ouest, au midi, et employées à franchir les Alpes en cinq ou six endroits.

Le misérable état des finances italiennes, la pauvreté du peuple et l’insuffisance des voies ferrées ne permettront pas une concentration rapide des armées péninsulaires, tandis que l’élan de nos forces accumulées ne manquera point de déborder vite les défenseurs des cols. De ce côté portera tout notre effort. Une fois dans la vallée du Pô, j’ai l’intention de recommencer les campagnes de Marengo, d’Arcole, et, par la vallée de l’Adige, ou par le Valteline, menacer vers Innsbruck le flanc de l’Autriche qui sera de la sorte contrainte à diviser ses forces devant vous, en Pologne, pour revenir en arrière et couvrir Vienne. À ce moment les Hongrois et les Tchèques réclameront sans doute la neutralité. Nous avons, vous et moi, de bonnes raisons pour le croire.

Ainsi nous porterons le vrai sens des opérations en Autriche et en Bavière. Bien des choses se régleront sur les bords du Danube entre Ulm et Wagram. L’Italie aura d’abord obtenu la paix, sous la condition de laisser le passage par la vallée du Pô.

Les armées de S. M, le Tzar et les miennes se joindront sous Vienne ou, mieux, sous Linz, après que les Russes auront vaincu en Moravie, et nous du côté de Salzbourg ou de Hobenlinden. Ensuite notre mouvement commun se dessinera d’Augsbourg à Ulm et la Forêt Noire, prise à rebours. Ce progrès de notre marche, qui menacerait dès lors les communications allemandes, obligera S. M. l’Empereur Guillaume à évacuer la Lorraine et la Champagne pour tourner contre vous la meilleure part de ses forces. À ce moment il y aura bataille ou traité. Mais la situation des Allemands attaqués à l’ouest par les troupes françaises qui reprendront l’offensive, à l’est par les corps russes entrés en Pologne, au sud par notre marche et celle des Internationalistes génevois, sera fort piteuse ; il ne dépendra que de nous qu’elle devienne pire.

La conséquence serait alors : 1° la constitution de l’empire hongrois, comprenant la Bohême, la Moravie, la Bosnie, la Serbie, la Roumanie limitée par le Danube de Silistrie à Galatz, la Macédoine, le Monténégro, l’Albanie et la Grèce ; 2° la réintégration de la Bulgarie, de la Roumélie, de la Doboudja et de Constantinople à l’empire byzantin dont S. M. le Tzar orthodoxe demeure le souverain héréditaire ; 3° l’adjonction de l’Autriche à l’Empire d’Allemagne ; 4° la frontière du Rhin restituée à la République Française qui obtient