Page:La Revue blanche, t17, 1898.djvu/228

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nuit, chacune de ses rafales était lourde de significations. Le manuscrit trouvé d’une façon si merveilleuse, si merveilleusement accomplies les prédictions du matin, quelle explication naturelle donner de tout cela ? Ce manuscrit, que contenait-il ? à qui pouvait-il se rapporter ? comment avait-il pu rester ignoré si longtemps, et combien singulier qu’il lui fût réservé, à elle, de le découvrir ! Jusqu’à ce qu’elle se fût rendue maîtresse de sa teneur, elle ne connaîtrait pas la quiétude. Aux premières lueurs du jour elle le déchiffrerait. Nombreuses étaient les heures, et si longues, qui devaient s’écouler encore. Elle frissonnait. Elle se tournait, se retournait dans son lit. Elle enviait les dormeurs paisibles.

Tantôt ses courtines mêmes semblaient s’agiter ; tantôt la serrure de la porte était secouée comme pour une irruption. Des murmures sourds rampaient par la galerie, et plus d’une fois son sang se glaça à des lamentations lointaines. Les heures et les heures passaient. Catherine avait entendu clamer trois heures par toutes les horloges de la maison… Puis, un grand calme. La tempête s’était-elle calmée ? Catherine s’était-elle endormie ?…

Jane Austen

(À suivre.)

Traduction F. F.