Page:La Revue blanche, t18, 1899.djvu/219

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sauver sa dynastie. Il s’humilie aujourd’hui pour ne pas crouler ; il croulera demain parce qu’il reculera devant une humiliation nouvelle.

De même que la rupture franco-italienne s’était accomplie jadis au détriment de la Révolution toujours en travail, à Milan comme à Rome, à Ancône comme à Palerme, le rapprochement des deux pays apparaît comme un triomphe de l’esprit antidynastique, comme le prélude de grands événements politiques et sociaux.

Paul Louis
SERVICE MILITAIRE

« Je soussigné, Pahin (Antoine), propriétaire, ex-maire de la commune de Montherot, canton d’Audeux (Doubs), et y demeurant, certifie m’être trouvé comme convive au banquet de Recologne le 18 septembre dernier, jour du comice du canton d’Audeux et avoir entendu très distinctement M. Rambaud, sénateur du Doubs, parlant de l’affaire Dreyfus et du ministère Méline, prononcer ces paroles : « Nous aussi, nous avons connu les faux, mais nous avons pensé que le mieux était de n’en rien dire. » J’ai entendu également, et très distinctement, M. Tramu maire de Saint-Wit et député de la 2e circonscription de Besançon, répondre à ces paroles : « Ah ! vous avez connu les faux et vous avez pensé que le mieux était de n’en rien dire ? J’en prends acte. C’est du propre ! »

Telles étaient les simples et fortes paroles dont la Chambre entendit lecture en sa séance du 20 janvier ; elle entendit encore les témoignages des soussignés Rétet (Jean-Baptiste) et Gaudot (Désiré-Albert), tous deux cultivateurs-propriétaires, domiciliés à Pelousey, canton d’Audeux (Doubs) ; elle entendit le témoignage signé : Grandclément, meunier à Emagny (Doubs), et M. Charles Tramu avait encore d’autres attestations du même genre.

Je ne connais pas M. Pahin, ni M. Rétet, ni M. Gaudot, ni M. Grandclément, meunier à Emagny (Doubs), parce que je ne suis pas du pays ; mais ce fut un rare défilé de beaux noms, de noms bien français, comme disent les autres ; et il est toujours agréable que les députés se taisent un peu pour laisser la parole à quelques-uns qui ne sont pas députés.

Que valaient au juste ces témoignages de terroir ? je ne le sais pas non plus. Comme Jaurès le faisait remarquer dans la Petite République, il se peut très bien que M. Rambaud ait mal dit ce qu’il voulait dire ; on sait qu’il bafouillait déjà beaucoup quand il était ministre ; on ne peut vraiment fonder une démonstration sur un mot de M. Rambaud, même sur un mot honnêtement constaté.

L’incident serait donc secondaire s’il n’avait donné prétexte à M. Méline. L’ancien président du Conseil ne s’attarda pas longtemps à réfuter les beaux témoignages de la province ; il se hâta de recommencer le jeu qu’il avait joué tout au long de son ministère :

« Voulez-vous que je vous dise maintenant ce qui fait que le pays oppose aux révisionnistes une résistance dont ceux-ci ne paraissent pas se rendre compte ? C’est que le pays, avec sa clairvoyance patriotique, aperçoit derrière cette