Page:La Revue blanche, t20, 1899.djvu/25

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mencement du xiiie siècle la reproduction xylographique est restée générale. Elle se pratique de la façon suivante.

Le calligraphe écrit (à l’aide du pinceau et de l’encre noire) deux pages du livre, l’une à côté de l’autre sur une feuille de papier très fin. Cette feuille est mise inversement sur la plaque en bois de merisier ou de prunier, laquelle est carrée, et épaisse d’un centimètre et demi. Voilà donc sur la plaque un cliché des caractères écrits. On supprime le papier, en râpant prudemment avec le doigt mouillé. Le xylographe ôte alors tout l’espace à l’intérieur des idéogrammes et entre eux, en taillant une couche de bois d’à peu près deux millimètres, de façon qu’il ne reste que les idéogrammes, en relief. L’imprimeur, assis devant la banquette, met la plaque sur un lit de papier, et l’immobilise autant que possible. Il a le papier à gauche, le pot à encre devant lui, et les brosses à droite. Il brosse deux fois la plaque avec la brosse à encre ; puis il y pose une feuille de papier, et une autre comme buvard. Il balaie deux fois avec la brosse, et c’est fini. Il n’y a naturellement qu’un côté du papier qui soit imprimé. Le relieur plie les feuilles le long de la ligne qui — dans le manuscrit du calligraphe — séparait les deux pages, et les relie des deux marges latérales. Les livres sont prêts pour la vente.

Rien n’est plus simple et meilleur marché. Une plaque donne au moins 16 000 bonnes copies, et si le xylographe corrige un peu, on arrive facilement à 25 000. Un bon ouvrier imprime 2 000 à 2 500 feuilles par jour. Il y a des livres de tous les formats, depuis le tout petit in-32 jusqu’à l’in-quarto de 40 cm. carrés.

Beaucoup de livres sont imprimés par souscription, mais la plupart par les soins des éditeurs qui existent presque dans toutes les sous-préfectures. Le véritable centre de l’imprimerie et de la librairie était jusqu’à présent la ville de Sou-tcheou.