Page:La Revue blanche, t20, 1899.djvu/622

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Du « Petit Tambour » :

touchante manifestation

On nous écrit de Chaumettes :

Monsieur le Rédacteur,

L’enterrement de mademoiselle Moulineau, la charmante enfant de notre pauvre ami, le distingué instituteur de Chaumettes, a eu lieu ce matin au milieu d’un concours considérable, d’une foule respectueuse et recueillie venue pour témoigner de sa sympathie à la douleur de M. Moulineau, et aussi à la fermeté et à la dignité de sa conduite dans cette douloureuse circonstance. Disons tout de suite que, contrairement aux bruits qui avaient été répandus, nulle note discordante n’est venue troubler cette manifestation à la fois imposante et touchante, et qu’en dépit des provocations souterraines de certaines personnalités dont il serait aisé de soulever le masque, les sectaires les plus intransigeants ont eu la sagesse ou la pudeur de ne pas bouger.

Au cimetière, un éloquent discours a été prononcé par M. Bedos, conseiller municipal à Marseille, et ami personnel de M. Moulineau. Nous regrettons de ne pouvoir reproduire cette superbe improvisation, où, dans un langage élevé et vibrant d’émotion, M. Bedos a montré la marche ascendante de l’esprit humain, se dégageant progressivement de toute mainmise, de toute superstition mesquine et avilissante, pour affirmer un Idéal supérieur que réalisera l’Individu parfait et tel que l’aura conçu et formé la Société égalitaire.

L’assistance s’est retirée profondément impressionnée.

Un habitant


MINISTÈRE DE L’INTÉRIEUR
commissariat spécial
des chemins de fer
          

Le Commissaire spécial de La Marche,
à Monsieur le Préfet du Plateau-Central.

Conformément aux instructions que vous m’aviez données, je me suis rendu hier à Chaumettes, où certaines manifestations paraissaient à craindre, à l’occasion des obsèques de l’enfant Moulineau, fille de l’instituteur. J’ai l’honneur de porter à votre connaissance qu’il ne s’est produit aucun incident de nature à motiver mon intervention. Dans le cortège, assez peu nombreux, j’ai relevé la présence de tous les fonctionnaires de Chaumettes, à l’exception du receveur d’enregistrement et du conducteur des ponts et chaussées. Sur la place de l’église, où le convoi était forcé de passer, un groupe formé de MM. Coulon, l’ancien adjoint au maire, Tardieu, notaire, et Bou-