Page:La Revue blanche, t24, 1901.djvu/123

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Ses filles avaient été tirées de pension et logeaient avec leur mère dans une rue déserte au second étage.

Pendant son voyage je les voyais souvent aux fenêtres, un jour que je passais, Caroline m’appela : je montai.

Elle était seule, elle se jeta dans mes bras et m’embrassa avec effusion. Ce fut la dernière fois, car depuis elle se maria.

Son maître de dessin lui avait fait des visites fréquentes. On projeta un mariage, il fut noué et dénoué cent fois. Sa mère revint d’Angleterre sans son mari dont on n’a jamais entendu parler.

Caroline se maria au mois de janvier. Un jour je la rencontrai avec son mari, à peine si elle me salua.

Sa mère a changé de logement et de manière, elle reçoit maintenant chez elle des garçons tailleurs et des étudiants, elle va aux bals masqués et y mène sa jeune fille.

Il y a dix-huit mois que nous ne les avons vus.

Voilà comment finit cette liaison qui promettait peut-être une passion avec l’âge, mais qui se dénoua d’elle-même.


Est-il besoin de dire que cela avait été à l’amour ce que le crépuscule est au grand jour, et que le regard de Maria fit évanouir le souvenir de cette pâle enfant !

C’est un petit feu qui n’est plus que de la cendre froide.


XVI


Cette page est courte, je voudrais qu’elle le fût davantage. Voici le fait.

La vanité me poussa à l’amour, non, à la volupté — pas même à cela — à la chair.

On me raillait de ma chasteté — j’en rougissais — elle me faisait honte, elle me pesait comme si elle eût été de la corruption.

Une femme se présenta à moi, je la pris — et je sortis de ses bras plein de dégoût et d’amertume. Mais, alors, je pouvais faire le Lovelace d’estaminet, dire autant d’obscénités qu’un autre autour d’un bol de punch — j’étais un homme alors, j’avais été comme un devoir faire du vice — et puis je m’en étais vanté — J’avais quinze ans, je parlais de femmes et de maîtresses.