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les “ cocos ”
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— Marquis, tu ne reverras pas Paris, je te ferai tourner. — Vous n’oserez pas. — Tu verras. »

Quelques jours après ce dialogue expressif, Zieger se chargea d’acheter une paire d’espadrilles pour deux punis de prison, Boissel et Baptiste, qui lui remirent l’argent nécessaire, un franc cinquante.

Morati le sut et prétendit que cinquante francs lui avaient été volés.

Lorsque Zieger rentra du jardin où il travaillait, on le fit se déshabiller complètement et on le fouilla. On ne retrouva sur lui que les espadrilles.

— C’est toi qui m’as volé, dit Morati.

Et il rendit compte du fait au capitaine Legros.

Celui-ci fit appeler Zieger ; lorsque le fusilier parut, Legros lui sauta à la gorge :

— Canaille, tu vas me dire où sont les cinquante francs, sinon je te laisserai crever de faim !

Devant les dénégations de Zieger, Legros le fit mettre en cellule, ainsi que Boissel, les laissant sans boire ni manger. Une fois par jour, le capitaine venait :

— Rien de nouveau ? disait-il, — voulant parler des aveux qu’il comptait obtenir.

— Non, répondaient les disciplinaires.

— C’est bien… même régime.

Zieger fut mis en prévention de conseil. Il réclama ; on le maintint au même régime. À bout de forces, il frappa sur la porte pour demander à manger.

Le sergent Cherquefosse vint et lui dit :

— Je sais que tu es innocent, car Morati n’a jamais eu un sou.

Et, pris de pitié, le sergent lui apporta quelque nourriture.

Zieger, aimant mieux passer au conseil que de mourir de faim en cellule, se déclara coupable d’un vol qu’il n’avait pas commis. L’époque de sa libération étant arrivée sur ces entrefaites, il fut relâché.


PRIX DE TIR

Les cadres des compagnies disciplinaires des colonies et de la compagnie de discipline de la marine exécutent chaque année des tirs au revolver.

«… En vue d’éveiller l’émulation parmi le personnel, il m’a paru équitable d’attribuer aux sous-officiers, caporaux, etc., deux prix de tir savoir :

« Une médaille d’argent pour les sous-officiers.

« Une médaille de bronze pour les caporaux, clairons et soldats ordinaires »[1].

  1. Attribution des prix, etc. B. O. M. 1893, 8 décembre. T. 92. 2° S. n° 26 p. 975, n° 406.