Aller au contenu

Page:La Revue blanche, t25, 1901.djvu/432

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

députés et les sénateurs. Quel a été le résultat des essais de réglementation des trusts ? C’est, dit M. Edouard Bennis « de faire hausser le prix des Aldermen (magistrats municipaux) et des députés [1] »

On a prétendu que les trusts assurent la marche normale de leurs branches, qu’ils régularisent la production trop anarchique, qu’ils garantissent le travail des ouvriers employés par eux. À priori cela est absurde, puisque le but de toute entente de cette nature, est de restreindre la production, d’abaisser les salaires, de hausser les prix de vente [2].

Ainsi au moment où le syndicat général d’Essen majorait de 60 pfennigs le prix du combustible vendu à l’État prussien, au moment où les métallurgistes augmentaient leurs demandes, où l’Espagne en guerre avec les États-Unis achetait tout le charbon disponible sur les places européennes, voici ce que l’on avait fait en Westphalie :

« Les charbonnages de la Ruhr ont décidé de réduire leur production de 10 % et ont pris des mesures techniques en conséquence (sic) ; comme ils pensaient que cette réduction durerait plusieurs mois, ils ont autorisé des mineurs à aller travailler au dehors jusqu’à l’automne [3] ».

M. Vigouroux, contestant aux coalitions patronales la prétention saugrenue de diminuer le chômage, « en régularisant la production », cite l’exemple de « The United Press » qui a monopolisé la distribution des dépêches télégraphiques à la presse, a empêché la fondation de nombreux journaux et privé d’emploi un nombre considérable de compositeurs, pressiers, stéréotypeurs, graveurs, etc. [4].

IV

Si les États-Unis fournissent le plus grand nombre de grèves patronales, cela tient au développement formidable pris par les trusts, depuis une dizaine d’années. Nous avons vu, néanmoins, qu’aucune grande puissance industrielle n’y échappe. En Allemagne les trusts qui portent le nom de cartells étaient au nombre de 300 en 1900.

En France, ils sont moins nombreux, le pays étant devenu une puissance industrielle de troisième ordre. Néanmoins des syndicats se constituent avec leurs conséquences. Ainsi M. Pierre Leroy-Beaulieu

  1. Faisant allusion aux magistrats de Philadelphie « corrompus par le riche pour voler le pauvre » l’Hon. Wayne Mae wegh a déclaré eu 1897 dans son discours à l’Université de Pensylvanie, que « le drapeau noir de la corruption était plus à craindre aujourd’hui que le drapeau rouge de l’anarchie ».
  2. M. Brentand, professeur à l’Université de Vienne, défenseur des coalitions, déclarait, il y a quelques années que « le monopole du syndicat formé, en Silésie, pour les usines qui laminent le fer (1887) peut non seulement combattre les indépendants, mais encore entraver la fondation de nouvelles fabriques et châtier les défections. »
  3. Cité par M. Georges Villain à la Société d’Économie-politique du 5 mars 1900.
  4. Société d’Économie politique, 5 janvier 1900.