Page:La Revue blanche, t26, 1901.djvu/108

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par cette unité ; la Chine, immense et merveilleux réceptacle de la plus forte, de la plus juste, de la plus psychologique, de la plus logique des organisations ; la Chine, inébranlable société coopérative et mutuelle…


Ces lignes qu’écrivait (à cette différence près que le sens de chaque phrase se trouve ici exactement renversé) M. Gaston Donnet en 1899, à la suite d’un premier voyage en Extrême-Orient, et auxquelles il ne trouve pas maintenant grand-chose à ajouter (Temps du 16 août 1901), enseignent dans leur forme nouvelle que voici, un fait capital que l’Europe devrait bien méditer. C’est que, même après le siège de Tien-tsin et de Pékin qui ne montre que la plus grande science destructive au service de la barbarie occidentale, même après les vaines menaces de Tong-fou-hsiang et du prince Tchouan, qui ne prouvent rien pour la mentalité chinoise, tous les deux étant non-chinois, mandchous, guerriers, méprisés de la nation chinoise ; il faut ouvrir les yeux et reconnaître que le résultat de l’invasion européenne en Chine est nul pour l’Occident, utile uniquement à la nation chinoise, qui travaille et qui travaillera. Il faut enfin renoncer à rire de tout ce qu’on ne comprend pas, renoncer à croire que dans la vie des civilisations les engins de la destruction donnent la supériorité : non, c’est l’énergie patiente, le travail tranquille et acharné, la force de pouvoir supporter la paix qui l’emporte.

Europe guerroyante, voilà le péril jaune.

Alexandre Ular