inventions et de ses trouvailles, et si leur formule est la même (on
doit faire néanmoins vis-à-vis de cette assertion infiniment de réserves)
que celle de Rutebeuf, de Villon, de Ronsard, de Corneille, de Molière,
de Chénier, de Musset, de Gautier, ainsi que le faisait remarquer M.
Mendès en une occasion que je n’oublie pas, cela ne prouve pas qu’ils
eurent raison de ne rien ajouter à la technique de leurs devanciers, de
ne point chercher suffisamment à différencier leur art, ni que cet amas
de gloire traditionnelle leur soit, même d’un millimètre, un grandissement,
car, s’il est bien de maintenir, il est mieux d’augmenter, de
trouver des domaines nouveaux, et si l’ancienneté d’une forme est
une garantie de ses mérites, la jeunesse pour une nouvelle formule et
aussi la logique sont bien des arguments et des vertus. Le raisonnement
par l’accumulation des générations glorieuses n’est pas assez scientifique
pour être admis en matière de critique littéraire. En transposant sur
le terrain d’un autre art le même raisonnement, on aurait Auber ou
Gounod opposant à Wagner ou Berlioz toute la liste glorieuse des
grands musiciens, et Cabanel, qui n’avait même pas le droit de se
réclamer d’Ingres, écrasant les Impressionnistes sous toute la tradition
de la peinture, au moins de la façon qu’on a de concevoir les lignes
historiques d’un développement d’art dans les milieux académiques,
c’est-à-dire inexactement, chimériquement et partialement. Je ne compare
pas les Parnassiens à tels peintres ou musiciens, mais leur raisonnement
est le même.
Le Parnasse est la dernière période du Romantisme. Le Symbolisme est la résultante du Romantisme en son évolution. Le Romantisme a donné avec le Parnasse sa floraison dernière, en sa forme maintenue, et il s’est mué en Symbolisme en léguant au Symbolisme son appétit de nouveauté, sa recherche d’un coloris neuf, sa tendance à l’évolution rythmique, c’est-à-dire son essence même. Le Parnasse a jeté comme branche un groupe néo-classique, qui ne tient du Romantisme que des éléments de couleur pittoresque, empruntés aux résultats acquis par le Romantisme et fortifiés par le Parnasse. Ces éléments contrastent d’ailleurs avec l’esthétique du groupe. C’est un des faits qui bornent la vie du Parnasse que cette évolution (à base d’archaïsme) vers le classicisme de Chénier (très retouché, il est vrai, d’après les nuances de Leconte de Lisle), qui est la route de M. de Heredia, et de ceux qui suivent ou son exemple ou son enseignement.
Pour être clair en définissant la formation du Parnasse, retraçons que le romantisme d’Hugo, après avoir vécu parallèle à celui de Lamartine, mitigé de classicisme et qu’influence Chateaubriand, à celui de Vigny, différemment mais au même degré mêlé de classicisme, a jeté un