étalages des magasins payent 25 ou 30 centimes. Ensuite la municipalité a supprimé l’exonération des loyers au-dessous de 300 francs, habités généralement par les juifs pauvres.
En effet, la statistique professionnelle des ménages juifs annonce pour Alger 700 ménages qui occupent une chambre ; à Oran, il y a 1 350 indigents ; à Constantine, 780 ménages de 5 personnes en moyenne n’occupent qu’une seule pièce.
Détail significatif : à Constantine, la principale clientèle du mont-de-piété est israélite, si bien que cette administration se voit obligée de transporter ses bureaux dans le quartier juif.
Les juifs pauvres à Constantine ne connaissent que les vieux métiers de ferblantiers, cordonniers-savetiers, tailleurs, bijoutiers. Établis dans des échoppes misérables ils ne produisent que des articles à bas prix (leur clientèle est exclusivement arabe et juive). Battus en brèche par la concurrence des musulmans et surtout par les grandes maisons à capitaux qui, achetant des matières premières à bas prix, embauchant pendant la morte saison des équipes d’ouvriers à des salaires dérisoires, avilissent les cours. Certains ne gagnent que 3 à 5 francs par semaine ; les plus heureux n’ont pas 2 francs un jour dans l’autre. Il est à remarquer que les ouvriers juifs perdent ces habitudes de tempérance qui les faisaient particulièrement apprécier des employeurs et des… moralistes. L’Européen est venu lui apporter son alcool, afin de lui donner (comme aux autres peuples qu’il civilise) le stimulant nécessaire qui remplace l’énergie naturelle — celle qui naît de l’alimentation suffisante, du repos et du bien-être.
Abstraction faite dun petit groupe de cigarières et d’ouvrières en sacherie, gagnant un maximum de 2 francs par jour, les femmes juives de Constantine sont ou domestiques ou couturières en gandoura (chemises arabes en cotonnade). La confection des gandouras en occupe un grand nombre. Mais leur salaire, considérablement avili parla concurrence européenne et par l’abondance de la main d’œuvre, est devenu dérisoire. Une gandoura rapporte 10 centimes. Or, une ouvrière diligente, pas trop dérangée par les soins à donner au ménage, et travaillant à la machine arrive à confectionner 7 ou 8 gandouras, c’est-à-dire à gagner au maximum 14 à 16 sous par jour.
Ajoutons que ceux qui ont observé cette population ouvrière — et ils sont peu nombreux — savent que les confectionneuses de gandouras sont soumises à tous les caprices des employeurs mozabites, sous peine de perdre tout travail et tout emploi.
À PARIS
On évalue à cinquante mille environ la population juive à Paris, mais ce chiffre doit être inférieur à la réalité, si l’on tient compte de l’émigration incessante des israélites de Russie et de Roumanie.
Ces cinquante mille juifs, que l’imagination et la crédulité populaires