Page:La Revue blanche, t27, 1902.djvu/227

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tomac une brûlure très douloureuse. Nous y ajoutâmes de la mélasse, ce qui ne l’amenda que très peu ; nous y ajoutâmes un cornichon, et le goût de l’alcali resta prédominant : il était donc impossible de la boire. Le café fait avec cette eau était le plus abject mélange que l’homme ait inventé. Il était plus répugnant au palais que l’eau pure elle-même. M. Ballou, en sa qualité d’architecte et de constructeur du breuvage se crut obligé de lui prêter son appui et son patronage : il en but donc la moitié d’une tasse à petites gorgées, tout en s’efforçant d’en faire un éloge timide, mais finalement il jeta le reste et déclara franchement qu’il était « trop technique pour lui ».

Mais bientôt nous trouvâmes une source d’eau douce à notre portée, et alors, sans rien pour gâter notre plaisir, ni intrus pour l’interrompre, nous entrâmes dans le repos.

(À suivre.) Mark Twain


Traduit de l’anglo-américain par Henri Motheré.