Page:La Revue blanche, t27, 1902.djvu/262

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y font cuire leur diner, qu’elles mangent chez elles le soir en économisant ainsi le restaurant. Parfois, plusieurs ouvrières se réunissent pour améliorer leur ordinaire.

Dans une autre maison, non moins fameuse, reprend une deuxième déposante, l’organisation est défectueuse. La salle de repas se trouve dans le sous-sol. Pas de fourneaux, ni de gaz ; les ouvrières sont contraintes d’apporter une lampe à esprit de vin. Espace insuffisant. Il résulte de ce manque d’espace qu’un certain nombre d’ouvrières déjeunent debout. Quand l’une des plus anciennes doit s’absenter, sa place est sollicitée d’avance. Les dernières arrivées dans la maison restent forcément debout.

En général, dépose une patronne (récemment encore grande première de l’un des couturiers les plus connus), le local affecté au repas est insuffisant pour le personnel entier. Le régime des séries est utilisé et indispensable (une demi heure pour chacune).

Ailleurs, une série sort à 11 heures, l’autre à midi. Ailleurs encore, à midi et demi, les deux séries se partagent, l’une se dirigeant vers la salle basse, l’autre vers les restaurants du dehors.

Dans toutes les maisons en cas de besogne urgente qui ne peut être quittée, certaines ouvrières sont retenues jusqu’à 1 heure et quelquefois 2 heures (exceptionnel).

Le retard du déjeuner, ajoute une autre première, a les plus grands inconvénients pour les ouvrières habituées des restaurants ou des bouillons. À leur arrivée, il ne reste plus que des plats réchauffés ou trop chers. D’ailleurs, dans beaucoup de petites maisons, les essayages commencent à 1 heure…

En cas de veillée, il est accordé, vers 6 heures du soir, 20 minutes pour le goûter. Les apprenties rapportent quelques friandises, des pâtisseries ou des charcuteries du voisinage. On mange à l’atelier. Certaine grande maison a considéré ce temps de repos comme une occasion de trouble et a émis la prétention de le supprimer. Le dîner ne peut cependant avoir lieu que le soir, en cas de veillée, vers 11 heures, si l’ouvrière habite le faubourg [1].

Examinons maintenant le taux des salaires.

Le rapport de M. du Maroussem nous annonce un salaire général de 3 à 4 francs, d’après un examen de 45 ateliers comprenant 500 ouvrières.

Voici à combien est estimé le salaire annuel dans les diverses catégories :

1° Ouvrières du noyau :

260 à 280 jours
de travail :
à 4 fr. de 1 040 à 1 120 fr.
à 3 fr. 780 à 840 fr.

2° Ouvrières de la catégorie intermédiaire :

200 à 230 jours
de travail :
à 4 fr. de 800 à 920 fr.
à 3 fr. 600 à 690 fr.

3° Ouvrières supplémentaires :

160 jours
de travail :
à 4 fr. de 640 fr.
à 3 fr. 480 fr.
  1. La Petite industrie, tome II, p. 515.