travailler 12 heures pour en achever deux. Salaire moyen, 0 fr. 90 à 1 fr. par jour. Sa machine lui coûte plus de 200 francs.
La boutonniériste est payée à raison de 0 fr. 40 les 36 boutonnières. Elle en fait 10 à l’heure en travaillant bien ; salaire : 1 fr., 1 fr. 20 par jour.
La brodeuse très habile gagne 50 francs par mois, si elle a du travail autant qu’elle en peut faire.
L’ouvrière cravatière. Autrefois l’ouvrière cravatière gagnait 7 et 8 francs. La petite cravate noire large d’un centimètre est payée 0 fr. 25 la douzaine ; l’ouvrière en fais trois douzaines en un jour, soit 0 fr. 75 en dix heures. Certaines ouvrières, réduites à faire des pans de cravate « régate », sont payées 0 fr. 25 les 24 pans. Travaillant dix heures, elles font tout juste 60 pans par jour ; salaire de journée, 0 fr. 62. Les plastrons de luxe payés 7 et 8 francs pièce par l’acheteur sont payés 2 fr. 50 la douzaine à l’ouvrière. Toutes les cravatières ont besoin d’une machine qui leur coûte 200 fr. (10 à 15 fr. de réparations par an).
L’empailleuse de chaises. Une empailleuse fait une chaise en 4 ou 5 heures ; la façon lui en est payée 1 fr. 40. Mais elle doit, à ses frais, fournir la paille nécessaire. Pour une chaise il en faut une livre, et comme la paille lui coûte 1 fr. 40 le kg. en paille blanche, 2 fr. en paille de couleur, elle n’a pour salaire réel que : 1 fr. 40 — 0 fr. 70 = 0 fr. 70, si elle fait une chaise avec paille blanche ; 1 fr. 40 — 1 = 0 fr. 40, si elle a dû employer de la paille de couleur. 6 mois de chômage.
M. Bonnevay a dressé un tableau des salaires de 45 professions à domicile. Le salaire moyen net (en tenant compte de l’amortissement des machines, de leurs réparations et de la morte-saison dans chaque profession) atteindrait 390 francs par an.
Quelle est la cause principale de ces salaires scandaleux ? la surabondance des bras inoccupés. C’est parce qu’il y a une population ouvrière disponible considérable que l’employeur ou l’entrepreneur peut acheter la main-d’œuvre au rabais. Tous ceux qui font travailler moyennant ces salaires infimes profitent — sciemment ou à leur insu, peu importe — de la misère des sans-travail.
LES FEMMES NON-CLASSÉES
C’est le nom donné par M. d’Haussonville aux « femmes, ou plutôt aux jeunes filles, qui, nées dans un milieu populaire, ont fait effort pour s’élever au-dessus sans y avoir encore réussi, et qui oscillent, incertaines de leur avenir, entre la condition qu’elles ont quittée et celle qu’elles n’ont pu encore atteindre. » [1]
Étant données les conditions du travail manuel (salaires et chômage) que nous avons brièvement analysées pour quelques professions impor-
- ↑ Les Ouvrières lyonnaises travaillant à domicile, par L. Bonnevay.