ments (7 de l’État) où le travail de nuit est occasionné par des heures supplémentaires.
On devine que ces chiffres sont des approximations par défaut. En réalité les fabriques où l’on travaille la nuit d’une manière intermittente sont beaucoup plus nombreuses. Et il va sans dire que les ouvrières forment une partie très grande de ce personnel nocturne.
Quant aux heures supplémentaires, on a observé 324 établissements (94 de l’État) où l’on en fait à des époques régulières ; l’effectif s’élevait à 86 186 salariés.
On a relevé 624 établissements (51 de l’État) où l’on fait des heures supplémentaires à toute époque, suivant les besoins ; l’effectif s’élevait à 146 864 salariés.
Le nombre d’établissements où la durée maxima du travail journalier, y compris les heures supplémentaires, a dépassé 12 heures, sans excéder 14 heures, s’est élevé à 229 ; le nombre d’établissements où la durée du travail a dépassé 14 heures était de 47.
Au sujet de la veillée, le rapport de la Commission du travail de 1897 dit que cette question vise plus particulièrement la couture et la confection pour dames (317 contraventions en 1898 pour cette industrie seule, sur 687 constatées pour l’ensemble des industries sur tout le territoire).
M. Laporte, inspecteur divisionnaire, déclarait au Congrès pour la protection des travailleurs (1900), que les couturières et les modistes ne sont pas libres de travailler à leur heure. Elles ne peuvent pas choisir leur moment. Elles attendent les commandes que fait la clientèle. Or, cette clientèle est implacable :
Quand une femme commande une robe ou un chapeau, elle veut l’avoir le lendemain ou le surlendemain. Il n’y a qu’une ressource, c’est de passer la nuit. Grâce au subterfuge du travail de nuit toléré jusqu’à 11 heures, on travaille jusqu’au lendemain. À la veille du Grand Prix, le travail se poursuit nuit et jour, sans interruption.
Dans certains cas, le travail de nuit paraît être un avantage pour l’ouvrière :
Ceux qui demandent l’interdiction du travail de nuit des femmes, déclarait Mlle Schirmacher au Congrès précité, sont très souvent des ouvriers qui ne visent qu’un but, supprimer une concurrence qui les gêne.
C’est pour cela sans doute que le Congrès international des Œuvres et Institutions féminines (réuni à Paris du 18 au 23 juin 1900) a demandé la suppression de toute mesure d’exception à l’égard de la femme en matière de travail, c’est-à-dire réclamé pour la femme la liberté du travail la nuit.
Ce n’est pas seulement dans la mode, la couture et la typographie que le travail de nuit des femmes est une loi de la production, c’est, aussi dans l’industrie textile :
Pour la filature, dit M. Motte, député du Nord, on peut supprimer le travail de nuit presque sans exception.