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À la dure  [1]
CHAPITRE XXVIII
Arrivée dans les montagnes. — Ma première fournée de découverte. — Ma première mine d’or. — La bulle crève.

Après notre départ de la Perte, nous suivîmes le cours de la rivière Humboldt pendant un bout de chemin.

Le quinzième jour, nous achevâmes notre marche de trois cents kilomètres et nous entrâmes à Unionville, comté de Humboldt, au milieu des tourbillons d’une tempête de neige. Unionville consistait en onze cabanes et un mât de la liberté. Six des cabanes s’égrenaient contre la paroi d’un défilé profond et les cinq autres leur faisaient face. Le reste du paysage se composait d’arides murs de montagnes qui montaient, des deux côtés du défilé, si haut dans le ciel que le village était, pour ainsi dire, enterré au fond d’une crevasse.

Nous bâtîmes une petite cabane grossière sur le bord de la crevasse et nous la couvrîmes de toile, laissant un coin ouvert, en guise de cheminée.

À la première occasion qui se présenta, je sortis en flâneur, tenant les camarades à l’œil, et m’arrêtant pour contempler négligemment le ciel quand ils avaient l’air de me regarder ; mais dès que la voie fut manifestement libre, je m’enfuis aussi coupablement qu’un voleur et je ne m’arrêtai que lorsque je fus tout à fait hors de la portée de l’œil et de la voix. Alors je commençai mes recherches avec une surexcitation fiévreuse qui débordait d’espérance, presque de certitude.

Je rampai par terre, attrapant et examinant des petits morceaux de cailloux, soufflant dessus pour les épousseter ou les frottant contre mes habits et ensuite les scrutant dans une expectative anxieuse. Voici que je découvris un fragment brillant et mon cœur bondit ! Je me blottis contre un rocher, je polis ma trouvaille et je la contemplai avec une ardeur émue et un ravissement plus marqué qu’une certitude absolue n’aurait pu m’en procurer. Plus j’examinais le fragment, plus j’étais per-

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