Page:La Revue blanche, t27, 1902.djvu/516

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

splendeur nouvelle surgissant de mes visions de l’avenir me retournait sur mon lit ou me redressait sur mon séant comme le choc d’une pile électrique. Nous nous renvoyions de l’un à l’autre des fragments de conversation. À un moment Higbie me dit :

— Quand est-ce que vous retournez à la maison… aux États-Unis ?

— Demain ! une ou deux évolutions, et assis — eh bien, non, mais le mois prochain au plus tard.

— Nous partirons par le même vapeur.

— Convenu.

Un silence :

— Le vapeur du 10 ?

— Oui, non, du Ier.

— Parfait.

Nouveau silence :

— Où habiterez-vous ? dit Higbie,

— À San Francisco.

— Moi aussi.

Silence.

— Trop haut, trop à grimper, fit Higbie.

— Où çà ?

— Je pensais à Russian-Hill — pour y bâtir une maison.

— Trop à grimper ? Vous n’avez donc pas votre voiture ?

— C’est juste, j’oubliais.

Silence.

— Camarade, quel genre de maison allez-vous bâtir ?

— Je me le demandais, trois étages et des combles.

— Oui, mais en quoi ?

— Eh bien, je n’en sais trop rien. En briques, je suppose.

— En briques, pouah !

— Pourquoi ? quel est votre plan, à vous ?

— Façades en pierres de taille — des glaces aux fenêtres — la salle de billard donnant sur la salle à manger — des statues, des tableaux — un bosquet, une pelouse de deux arpents — une serre — un chien en fonte sur le perron — des chevaux gris, un landau et un cocher avec une cocarde à son chapeau.

— Mâtin !

Long silence.

— Camarade, quand est-ce que vous irez en Europe ?

— Mais, je n’y avais pas encore pensé. Et vous ?

— Au printemps,

— Vous resterez tout l’été ?