Page:La Revue blanche, t28, 1902.djvu/616

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en pustules, ou bien de véritables pustules se montrent primitivement. Elles peuvent s’étendre sur tous les doigts ; mais c’est surtout entre le médius, l’indicateur et le pouce de la main droite qu’elles sont disséminées. Elles se répandent aussi sur le dos et sur la face interne. Tout mouvement des doigts occasionne des souffrances aiguës ; il est impossible de les plier complètement. Au bout de cinq à six jours, les pustules arrivent à-terme. Dès ce moment toute souffrance cesse, l’évacuation du pus et la dessication commencent. Mais, le plus souvent, par l’imprudence et l’insouciance des divideuses, la maladie n’est point ordinairement guérie ; ils survient d’autres boutons qui prolongent la durée de tous les accidents.

Durée : quinze à dix sept jours.

Troisième degré : Chez quelques, personnes, le mal de vers prend un caractère très fâcheux. D’apparition des pustules s’accompagne d’inflammations plus profondes ; le tissu sous-cutané est envahi ; gonflement énorme et déformation des doigts, de la main ; tuméfaction œdémateuse jusqu’au bras : engorgement et endolorissement.

Nous bornons ici ce tableau très abrégé des empoisonnements qui résultent d’un nombre considérable de professions exercées par la femme. Il faudrait citer encore le sulphydrisme (dans les savonneries, les raffineries — noir animal — , les produits chimiques, les tanneries, etc.), l’intoxication par l’acide carbonique par exemples chez les fabricants de papier, dans les ateliers de fermentation de la colle où les ouvrières sont atteintes de céphalalgie et des troubles des sens, etc., etc.) On verrait que les ravages causés par le travail sont effroyables et que la plupart des usines sont des antichambres d’hôpitaux.

Morbidité. Avortements. Dégénérescence. — En ce qui concerne le sexe, quel que soit son âge, dit le docteur Poincaré, la femme ne doit pas être soumise au même régime industriel que l’homme, car elle offre beaucoup moins de résistance que lui et donne plus facilement prise à tous les germes morbides. Il faut surtout songer qu’avec elle la propagation de l’espèce et la valeur des générations futures se trouvent plus particulièrement compromises, et que par conséquent ce n’est pas seulement l’intérêt individuel qui est mis en jeu mais encore l’intérêt national. En effet l’intoxication industrielle détermine spécialement l’avortement, les accouchements prématurés ainsi que la fréquence des mort-nés, et devient ainsi une des grandes causes de la dépopulation. En tout cas les survivants viennent apporter en eux, à une plus haute puissance, la détérioration paternelle, contribuant ainsi pour une large part à la déchéance de l’espèce humaine et à l’affaiblissement de la force nationale [1].

En voici des preuves éloquentes :

  1. Traité d’hygiène industrielle.