Page:La Revue blanche, t30, 1903.djvu/434

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quelque chose qui émane des, cellules mêmes. Par exemple, le saccharose ou sucre de canne ne peut être consommé par la levure de bière sans avoir été interverti c’est-à-dire transformé en glucose et en certains autres composés. Mais, précisément, de la levure elle-même, sort par diffusion dans le milieu où elle vit une substance très active, l’invertine, qui a pour résultat d’intervertir le saccharose. Somme toute donc, si nous ne voulons pas analyser le phénomène dans ses détails, nous pouvons dire que la levure de bière a tiré son aliment du saccharose, sans nous arrêter au phénomène préparatoire de l’interversion, puisque cette interversion résulte de l’action de la levure elle-même ; nous allons trouver des phénomènes préparatoires bien plus importants chez les animaux pluricellulaires analogues à l’homme ; nous y arrivons maintenant en supprimant plusieurs cas intermédiaires qu’il eût cependant été intéressant d’étudier.

Un homme, ou un animal supérieur quelconque, se compose, à un moment quelconque de son existence, d’une agglomération d’un grand nombre de cellules (plus de soixante trillions pour l’homme adulte) dont chacune jouit de propriétés analogues à celles de la levure de bière, savoir de la propriété de se nourrir aux dépens de substances étrangères.

Mais ces diverses cellules agglomérées sont entourées par une paroi résistante et à peu près imperméable, la peau du corps, de sorte que l’ensemble de l’organisme peut être comparé à un sac clos de toutes parts. À l’intérieur du sac est un liquide, le milieu intérieur (sang, lymphe, etc…) dans lequel baignent les cellules du corps, comme la levure de bière baigne dans le moût ; c’est donc à ce milieu intérieur que les cellules de notre corps empruntent leurs substances alimentaires, c’est dans ce milieu intérieur qu’elles rejettent incessamment leurs substances excrémentitielles. Étant donné le nombre formidable des cellules que contient le sac, il est bien évident que le milieu intérieur doit être très rapidement souillé d’excréments et épuisé de substances alimentaires. Or, je signale le fait sans plus de détails, les cellules de notre corps ne peuvent rester inactives au delà d’un certain temps sans se détruire ; elles ne peuvent pas rester inertes comme la levure de bière au fond d’un moût souillé ; d’autre part, si les cellules se détruisent, l’individu meurt. Mais précisément, et c’est là le merveilleux de la coordination animale, l’ensemble des activités cellulaires se traduit par des phénomènes généraux qui ont pour résultat de renouveler sans cesse le milieu intérieur. Comment cela est-il possible ? je n’ai pas à l’étudier ici, c’est l’af-