médiaires, négligés d’abord comme impénétrables et qui préparent ce résultat global et facilement constaté : l'assimilation cellulaire.
L’existence du sexe est une des choses les plus imprévues que l’on rencontre lorsque l’on passe de l’étude des corps bruts à celle des corps vivants, et, à mesure que l’on pénètre plus avant dans la connaissance des êtres, on s’aperçoit que le sexe existe chez presque toutes les espèces ; c’est donc certainement une chose fondamentale et qui doit avoir un rapport étroit avec la nature intime des phénomènes vitaux, de l’assimilation caractéristique de la vie. Mais comment établir ce rapport ? Bien des chercheurs ont tourné la difficulté en admettant, sans aucune raison scientifique d’ailleurs, que la sexualité est une complication surajoutée à la vie.
Nous négligerons, pour commencer, cette complication gênante, parce que nous ne constatons d’abord aucun lien entre le sexe et l’assimilation ; au contraire même ! une cellule vivante de levure ou de bactérie se multiplie par elle-même dans un moût ou un bouillon de culture, et le fait caractéristique de la sexualité c’est qu’il faut deux cellules différentes pour former, par fusion, un œuf capable d’assimilation. La maturation sexuelle d’un élément cellulaire a pour effet de rendre cet élément cellulaire incapable d’assimilation, de vie par conséquent, et nous sommes conduits à ce paradoxe que les seules cellules capables de reproduire un être supérieur sont précisément incapables de vivre ! Il est rare qu’une vérité d’apparence paradoxale ne cache pas quelque chose de nouveau ; c’est le cas pour la maturation sexuelle ; elle sera pour nous ce qu’a été pour le chien curieux des choses de la mer, la sardine oubliée, pendue au filet après la pèche…
Des observateurs soucieux de pénétrer la nature intime du phénomène d’assimilation ont essayé de reculer les bornes de leur horizon par des investigations microscopiques à de forts grossissements ; ils n’ont pu pénétrer ainsi jusque dans l’intimité du phénomène chimique lui-même, mais ils ont trouvé quelque chose d’imprévu, et qui les a bien déconcertés, car ce quelque chose d’imprévu, le mouvement karyokinétique, au lieu d’expliquer les phénomènes précédemment connus, était lui-même un phénomène incompréhensible, plus incompréhensible en apparence que l’assimilation elle-même ! C’est comme si notre chien, monté sur une haute colline avait pu suivre jusqu’au bout les bateaux partis du port, mais au moyen d’une lunette trop peu puissante pour lui laisser voir de si loin les filets et les sardines.