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haut lieu. Les titres du personnage sont notables. Comme dit Me de Moro Giafferi qui s’est fait son avocat : « On décorerait des gens qui n’ont fait que tripatouiller les meilleurs Sonnets à Hélène et l’on oublierait celui qui les vécut »… Il est certain que le scandale serait grand.

T’ai-je dit que parmi les décorés il y aura le Cardonnel, qui est poète, curé et philethyle. ? C’est à ce seul dernier titre qu’on l’a choisi, comme naguère on fit de Ponchon, pour orner le dizain Goncourt. Notre Ministre de l’Instruction publique l’a dit en termes immortels : « L’Ivrogne est une des mamelles de la vigne et la vigne une des mamelles de la France. » Noble parole s’il en fut. Tu as dû voir sur les Journaux grecs, car rien de notre littérature n’est inconnu au pays des sabots à la poulaine, que l’on avait, ces temps, distribué des prix littéraires ici. Le Goncourt a été octroyé généreusement à ce Grec égyptien, né à Naucrate, qui se nommait Athénée, pour ses Diphnosophistes. Le choix était bon. Comme tu sais, Fritz Forberg, en écrivant le De Figuris Veneris, a beaucoup cité Athénée qui n’était pas vergogneux. Cela méritait bien un prix. Mais, quand les Académiciens eurent voté, ils s’aperçurent que le dit Athénée était mort depuis Marc-Aurèle, ce qui fait une pièce de dix-sept siècles passés. On songea donc lui chercher des héritiers. Finalement un brave garçon qui avait mis en français moderne la traduction de l’abbé Maroles a été jugé en mesure de recueillir le legs. Ce fut un beau Jour.

Un autre prix est offert par cette Académie des Dames que chanta Meursius en vers latins. (Je parle de l’Aloisia Sigea). J’ai lu, je ne sais plus où, qu’on l’avait offert à M. Émile. Si c’est Émile Zola, on peut sans hésiter qualifier de tardive cette justice rendue. Il est vrai qu’il fallait lui pardonner Nana…

Te dirai-je que le bruit court d’une défaillance ministérielle prochaine ? Nous le regretterions, car un ministre lyonnais nous eût fait abaisser le prix du crêpe Georgette et des soieries batikables. Il