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LA REVUE DES LETTRES

qui est très agréable romancier, avec nombre de plus jeunes écrivains qui ambitionnent de lui ressembler, mais, par chance, y échouent, comme Philippe Soupault.

Henri de Régnier fut un poète symboliste. Toutefois, romancier, il a créé une sorte d’école dont il est seul membre, quoique en vérité on distingue chez Pierre Benoît surtout, un grand désir d’assimiler sa technique. Henri de Régnier continue à la fois le conte du xviiie siècle, à la façon de Crébillon, Godard d’Aucourt et Choderlos de Laclos, et l’esprit Renaissant épanoui chez Rabelais ou Noël du Fail. Imiter ce romancier réclame des dons trop rares pour qu’il ait jamais une suite nombreuse.

Le Balzacisme a son représentant en René Boylesve, qui unit à une finesse plus italienne, un athlétisme moindre que l’auteur de La Comédie humaine.

Voltaire, en ses contes, n’a guère d’héritier, mais il existe un certain François de Bondy qui écrivit des romans peu connus, bondés de talent, d’ailleurs, et d’un scepticisme galant et cultivé. Ils peuvent soutenir comparaison avec Anatole France, lequel, on le sait, fut notre Voltaire de la IIIe République…

Un écrivain comme Pierre Louÿs reste inclassable. Mais il faut nettement le placer entre Voltaire et Gustave Flaubert.

Le grand Flaubert, laborieux ciseleur, n’a point d’héritier surtout pour son goût excessif de perfection, quoique son romantisme, je l’ai dit, ait mille disciples. Pourtant Henri Barbusse ne laisse pas de lui ressembler un peu, en plus efféminé ; c’est un ancien poète symboliste.

Je ne saurais assimiler à aucune direction de principe Rosny aîné, qui descend plutôt des romanciers belges, tel Camille Lemonnier ; Romain Rolland a créé une sorte de néo-romantisme à influences slaves et germaniques et au demeurant d’une valeur politique hors de pair.

Nombre de défunts sont à citer ici, individuellement, comme Huysmans, qui a uni assez joliment le