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LETTRES INTIMES

tants de jadis consentent à s’enrôler. Cela se voit bien en politique. Or, le romantisme a gardé depuis 1820 des opposants farouches qui, d’ailleurs, « écrivaient romantique ». Aujourd’hui, qu’il n’est plus de romantiques d’étiquette, tout le monde consent à faire du simili Hugo, du Vigny en titre fixe et du Théophile Gautier d’imitation. Sur cent volumes de vers qui paraissent, soixante-quinze sont romantiques. Il y en a d’ailleurs quatre-vingt-quatorze qui ne valent rien…

Si vous me demandez des noms, je vous dirai que depuis la guerre, à part trois ou quatre personnages, tout le monde est de quelque côté romantique. Paul Morand est sans doute le plus haut sommet de cette tendance. C’est d’ailleurs un grand écrivain. Joseph Delteil nous montre une sorte d’Aloysius Bertrand, et Vigny, avec quelque indigence, se trouve — devenant juif — représenté par Suarès. André Gide est un romantique de l’espèce huguenote. Il est assis une fesse chez Alfred de Musset — un Musset converti et devenu chaste — et une autre chez Edmond de Goncourt. Henri Béraud, lui, est un romantique de style xviie siècle.

L’école de Zola, elle, a de rares mais forts représentants. Tel est Alphonse de Chateaubriant, qui paraît vraiment continuer, avec un bucolisme plus sincère et artistique, les Rougon-Macquart. Claude Farrère est un Zola officier de marine, et Roland Dorgelès un héritier direct du Maître de Médan. Il faut encore classer ici Pierre Hamp et Léon Daudet, plus une foule de petites gens qui se sont réfugiés chez l’éditeur Fasquelle où le naturalisme prospéra. Victor Margueritte est un maître du Naturalisme contemporain.

Le Symbolisme est beaucoup plus décrépit. Il ne compte aucun nom digne de mémoire. En vérité, ce n’est sans doute pour aucune autre raison que la stérilité de cette école antiintellectuelle. On n’est pas, aujourd’hui, plus intelligent qu’en 1895, mais on peut le paraître. Il faut pourtant placer ici Edmond Jaloux,