Page:La Revue des revues de 1890 à 1900, 1899, T3.djvu/498

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Sais-tu bien que je tremble en écoutant ta voix ?
Que la fièvre me prend, lorsque je t’aperçois
Et gracieuse et belle ?
Sais-tu qu’en te touchant je ne sens plus ma main,
Que mon cœur palpitant s’échappe de mon sein
Semblant dire « C’est elle ? »

Le sais-tu ?… non sans doute. Ôh ! tu n’y penses pas…
Et moi, je suis contraint, au seul bruit de tes pas,
De m’appuyer bien vite,
Car ma tête est en feu, mon front est enivré,
Mes pieds semblent fléchir et mon regard troublé
Et te cherche et t’évite.


LA SOIRÉE

Tu brilles aux feux des bougies
Pierre précieuse du bal ;
Tes roses guirlandes fleuries
Embrassent comme des amies
Ton front riant et original.
Tu parais et fuis dans la danse,
Comme un jeune sylphe inconstant
Dans les airs glisse et se balance,
Plonge à l’onde, revient, s’élance ;
S’envole et monte au firmament.
La flamme de tes yeux embrase,
Car tes regards brûlans sont noirs ;
Et ta robe faite de gaze
Couleur de rubis et topaze
Légère s’ondule aux miroirs.
Puis vient la séduisante valse
Délirante d’émotion ;
Ton image contourne et passe.
Et luit, et s incline et s’efface,
Comme une pure fiction,[1]
Tu tournes, belle et vaporeuse
Un bras soutient ton corps charmant,
Presse ta taille gracieuse,
Tandis qu’une bouche amoureuse
Respire ton souffle enivrant.
Jeune beauté, de ton empire
Jouis aux heures du printemps,
Car si règne si doux expire
Et tous ces charmes qu’on admire
Cèdent aux insultes du temps,
Ils passent, jamais ne reviennent,
Le char s’enfuit et pour toujours ;
Et larmes amères adviennent,
Et les moments coulent et mènent
Et les danses et les amours.


LE PALMIER


Svelte palmier,
Arbre léger,
Dont verte branche
En éventail,
Au frais travail,
Longue s’épanche,
Quand le soleil
Jaunit du ciel
La draperie
Pure, arrondie,
Qui dans le loin
Lasse la vue
D’une étendue
Bleue et sans fin ;
Oriental,
Original,
Féérique même !
Si moelleux,
Si gracieux !
Que vent caresse

  1. Toujours la Maya.