Tel qu’un soupir |
Des qualités charmantes, de riantes promesses : il n’y a là rien du
plus. Peu du robustesse, pou de fermeté, pas d’ampleur. Même l’île
divine où il est né, où il est revenu jeune homme, il ne sait pas en
rendre toute la magnificience, il n’en sait pas encore évoquer la haute,
la sublime poésie : son éducation artistique a été trop incomplète. Il
lui faudra le commerce de la Grèce, Théocrite, Eschyle et Homère ; il
lui faudra boire aux sources pures de la beauté antique. Cest la Vénus
de Milo, qui « allumera dans son sein l’étincelle » et
Fera que sa pensée en rythmes d’or ruisselle
Comme un divin métal au moule harmonieux.
Sans cette même culture classique, inutile aux petits employés et aux milles bureaucrates qui ont traîné dans nos lycées, le génie ne peut atteindre à la perfection.
STENDHAL ET BALZAC
Ah ! ce rêve, — parce que le métier d’auteur semble avilissant ou pour mieux dire avili[3] d’écrire pour se désennuyer le matin, d’écrire ce qu’on pense soi-même et non pas ce qu’un vain monde imagine, de composer un livre, mais de faire en sorte que « beaucoup de personnes se tiendront pour offensées » et ne l’ouvriront même pas, — de ne s’adresser qu’à « cent lecteurs », ou « par exemple à quelque jeune madame Roland lisant en cachette un volume, quelle
- ↑ Cette expression est très juste. Ce petit oiseau des îles est très batailleur, très fort et très nerveux. On se rappelle les vers de la Ravine Saint-Gilles :
Le cardinal vêtu de sa plume écarlate,
En leurs nids cotonneux trouble les colobris. - ↑ Banville dit qu’il n’y a pas de licences poétiques !
- ↑ Lettre de Stendhal à M. le baron de Mareste, Milan, le 1er décembre 1817.