Page:La Revue des revues de 1890 à 1900, 1899, T3.djvu/499

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Tel qu’un soupir
De doux loisir…
De gentillesse
Et de fierté,
Libre, aéré,
Ton front s’élance
Et se balance
Avec plaisir
Et noble grâce
Pour rafraîchir
Celui qui passe ;
Et puis encor
Comme un point d’or,
Comme un prestige
Qui luit, voltige,
Illusion
Et fiction !
L’aile enflammée
Et contractée
Du cardinal[1],
Rouge spiral[2]
Semble au feuillage
Un peu volage !
Novembre 1848.


Des qualités charmantes, de riantes promesses : il n’y a là rien du plus. Peu du robustesse, pou de fermeté, pas d’ampleur. Même l’île divine où il est né, où il est revenu jeune homme, il ne sait pas en rendre toute la magnificience, il n’en sait pas encore évoquer la haute, la sublime poésie : son éducation artistique a été trop incomplète. Il lui faudra le commerce de la Grèce, Théocrite, Eschyle et Homère ; il lui faudra boire aux sources pures de la beauté antique. Cest la Vénus de Milo, qui « allumera dans son sein l’étincelle » et


Fera que sa pensée en rythmes d’or ruisselle
Comme un divin métal au moule harmonieux.

Sans cette même culture classique, inutile aux petits employés et aux milles bureaucrates qui ont traîné dans nos lycées, le génie ne peut atteindre à la perfection.

Marius-Ary Leblond


STENDHAL ET BALZAC

Ah ! ce rêve, — parce que le métier d’auteur semble avilissant ou pour mieux dire avili[3] d’écrire pour se désennuyer le matin, d’écrire ce qu’on pense soi-même et non pas ce qu’un vain monde imagine, de composer un livre, mais de faire en sorte que « beaucoup de personnes se tiendront pour offensées » et ne l’ouvriront même pas, — de ne s’adresser qu’à « cent lecteurs », ou « par exemple à quelque jeune madame Roland lisant en cachette un volume, quelle

  1. Cette expression est très juste. Ce petit oiseau des îles est très batailleur, très fort et très nerveux. On se rappelle les vers de la Ravine Saint-Gilles :
    Le cardinal vêtu de sa plume écarlate,
    En leurs nids cotonneux trouble les colobris.
  2. Banville dit qu’il n’y a pas de licences poétiques !
  3. Lettre de Stendhal à M. le baron de Mareste, Milan, le 1er  décembre 1817.