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LA REVUE DU MOIS

les sous-officiers, la seconde comporterait simplement une école d’officiers permettant l’accès rapide de ce grade aux élèves des Arts et Métiers ; enfin, comme corollaire, on réduirait sensiblement le nombre des ouvriers et on donnerait une partie des attributions des mécaniciens à de simples matelots de pont.

Ces projets, imités de ce qui se prépare en Italie, constituent certainement un progrès sur l’état de choses actuel, en ce sens qu’ils différencient mieux l’instruction à donner aux ouvriers qui réparent les machines et celle à donner aux mécaniciens qui les entretiennent, la compétence des uns étant différente de celle des autres. Les bons ouvriers dont la valeur serait sanctionnée par des avancements pécuniaires ne peuvent que se perfectionner par une pratique constante, tandis que les bons mécaniciens dont la valeur serait sanctionnée par des avancements hiérarchiques ne peuvent que se perfectionner par des études théoriques élevées, une fois qu’ils ont acquis la pratique nécessaire à la direction de leur service, pratique beaucoup plus vite acquise que ne le suppose la réglementation actuelle.

Nous pensons donc que les nécessités industrielles de la marine justifient le principe des réformes proposées, mais à la condition que les ouvriers pratiques et les mécaniciens théoriques aient, chacun dans leur partie, une valeur très grande permettant de remplacer par la qualité des cadres la quantité aujourd’hui excessive du personnel mécanicien.

Or, la difficulté du recrutement abaisse le niveau du personnel, et si l’on veut avoir de très bons ouvriers, il faut non seulement améliorer leur sélection, mais encore augmenter leur spécialisation aux machines marines. Prendre à l’industrie, comme on le préconise, un jeune ouvrier dont la mentalité n’est nullement maritime et nourrir l’espoir qu’il sera immédiatement utilisable à bord est une erreur parce que la spécialisation croissante du travail dans les grandes industries ne donne aux apprentis qu’une partie des connaissances générales nécessaires à bord, et que par suite l’apprentissage civil doit être complété par un apprentissage naval, d’où une perte de temps et de rendement à bord : c’est du moins l’avis de tous les officiers mécaniciens anglais qui sont le mieux placés pour connaître cette