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NOTES BIBLIOGRAPHIQUES


Théorie des fonctions algébriques de deux variables par Émile Picard et Georges Simart.

La publication de ce traité en deux volumes vient d’être achevée et l’on doit savoir gré aux deux auteurs de l’avoir menée à bonne fin. Le sujet est en effet des plus difficiles parmi ceux dont s’occupent les mathématiciens ; on en est encore à la période des recherches et cette circonstance n’est pas favorable à la publication d’un gros ouvrage didactique.

Quelques points paraissent néanmoins se dégager nettement, grâce surtout aux belles recherches de toute une école de mathématiciens italiens et aux travaux de M. Émile Picard ; la connaissance des nombres qui généralisent la notion si importante du genre et l’étude des périodes des intégrales doubles ont fait de grands progrès. Il reste toutefois beaucoup à faire pour que la théorie ait la claire et simple beauté de la théorie des fonctions algébriques d’une variable… s’il est dans la nature des choses qu’elle y atteigne jamais.

Sur les Électrons, par Sir Oliver Lodge, traduit de l’anglais par E. Nugues et J. Peridier.

Les ouvrages de vulgarisation manquant encore en France sur la théorie des électrons et les questions connexes, MM. Nugues et Péridier ont eu l’heureuse idée de traduire l’exposé si vivant donné par Sir Oliver Lodge dans une conférence faite à l’Institution des électriciens anglais. Ils ont conservé toute la saveur du langage imagé de l’auteur et nous leur devons ainsi une attachante introduction dans ce vaste domaine des découvertes récentes, d’une étendue telle qu’il comprend à la fois l’explication des faits mécaniques les plus généraux, comme l’inertie, et ce que nous savons de plus clair sur les phénomènes mystérieux et passionnants de la radio-activité.

Œuvres complètes d’Augustin Cauchy, publiées sous les auspices de l’Académie des Sciences. 2e série, t. I.

Cette publication continue lentement, mais régulièrement depuis 1882 ; il a paru 18 volumes sur 27 prévus ; elle a sa place dans toutes les bibliothèques scientifiques. Le volume qui vient de paraître contient notamment les travaux classiques de Cauchy sur les polyèdres, des mémoires sur la théorie des substitutions, sur la théorie des erreurs, sur les indices des fonctions, sur les équations aux dérivées partielles de la Physique mathématique, etc. Tous ces mémoires sont extraits du Journal de l’École Polytechnique.

Une suite à l’histoire de Port-Royal : Jeanne de Boisgnorel et Christophe de Beaumont (1752-1782), par A. Gazier.

M. Gazier a retracé, d’une plume alerte et émue, un singulier et touchant épisode des querelles religieuses du xviiie siècle : la lutte que soutinrent de 1752 à 1782 les Hospitalières de la rue Moufetard, jansénistes modérées, hostiles à la bulle Unigenitus, contre l’ami des Jésuites, l’archevêque de Paris, Christophe de Beaumont. Cette lutte devint une mêlée générale, où s’engagèrent les parlements, les ministres, le roi, la famille royale et finalement Montazet, l’archevêque de Lyon, primat des Gaules. Cette « curieuse histoire » évoque un aspect ignoré du siècle de Voltaire, et met en lumière le rôle d’intègres magistrats, défenseurs des religieuses opprimées : L. le Paigre, Lefebvre de Saint-Hilaire et le président Molé ; — grâce à une correspondance, pleine de charme, qu’il publie en partie, M. Gazier évoque les douces physionomies de deux supérieures, Sœurs Sainte-Félicité et Sainte-Julie, et fait revivre « la noble figure de l’héroïne de ce drame, de l’incomparable Sévigné de couvent, mauvaise tête et bon cœur, qui avait nom Jeanne de Boisgnorel, en religion sœur Saint-Louis. »

À propos de la séparation de l’Église et de l’État (3e édition), par Paul Sabatier.

Nous avons signalé la première édition de cet ouvrage : il est notablement grossi par des additions, qui consistent surtout en la reproduction d’articles de journaux catholiques, protestants et israélites, consacrés à la séparation et à ses conséquences ; de plus, en une longue introduction, M. P. Sabatier discute les objections faites de divers côtés à « des pages qui ne flattent aucun parti »

Plus loin (poèmes), par Francis Vielé-Griffin.

L’auteur de La Chevauchée d’Yeldis nous donne dans ce court volume trois groupes de petits poèmes : le premier recueil, La Partenza, a déjà paru en 1899 ; certaines pièces du second, In memoriam Stéphane Mallarmé, remontent à 1898 ; L’amour Sacré, qui clôt le recueil, est plus récent. Dans les 23 pièces en quatrains à rimes croisées qui forment La Partenza, on trouvera des mètres courts et assez agréablement inégaux, de la souplesse dans le jeu des coupes et des accents. Les morceaux consacrés à la mémoire du maître manquent d’émotion et d’envolée. Enfin les neuf poèmes de L’Amour sacré relatent en vers libres, de réussite inégale, des miracles et des martyres.