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NOTES BIBLIOGRAPHIQUES


Les industries de la conservation des aliments, par X. Rocques.

On trouvera dans ce livre surtout des renseignements pratiques, utiles aux agriculteurs, aux éleveurs et même aux ménagères. Mais la théorie n’est pas pour cela négligée et avant la description de chaque procédé de conservation sont exposés les principes sur lesquels il repose, et l’ordre historique de leur découverte. Plus d’un fabricant, surtout de Chicago, aurait intérêt à lire l’ouvrage de M. Rocques, comme aussi plus d’un consommateur.

Cérébraux, par Fernand Divoire.

Suite de dialogues en prose entre deux penseurs quelque peu dilettantes. Ils s’entretiennent de l’amour, de la douleur… de tout en général et de rien en particulier ; leur conversation glisse, s’arrête, rebondit… c’est une sorte de jeu à la manière décadente. On y glane quelques idées intéressantes et l’on y trouve parfois des réflexions toutes simples présentées comme de hardis paradoxes.

Anticléricalisme et catholicisme, par Victor Giraud.

L’auteur de cette brochure se propose surtout de réfuter l’assertion de M. Faguet, que le Français est « essentiellement irréligieux ». Il expose ensuite sa conception du «Catholicisme intégral », à la fois traditionnel et moderne, qu’il symbolise par le nom de Pasteur.

Ce qu’il faut lire dans sa vie, par Henri Mazel.

C’est assurément une tâche louable que de dresser un plan méthodique de lectures, conçu de manière que rien d’essentiel ne soit oublié ; un tel travail comporte forcément une grande part d’arbitraire et il serait injuste d’en critiquer la précision, encore qu’elle soit parfois un peu ridicule : on doit lire Tolstoï à vingt-trois ans, Rousseau à trente et un ans, Eschyle à trente-sept, Renan à quarante-quatre, Plotin à quarante-neuf, etc. Ce qui paraît plus grave, c’est l’absence pour ainsi dire complète de livres de science dans les listes de M. Mazel. L’homme cultivé idéal pour lequel il écrit, après avoir lu toute sa vie, ne saura rien des microbes ni des étoiles, de révolution des espèces ni des lois de la lumière et de l’électricité. C’est une conception bien singulière ; espérons qu’elle se fera de plus en plus rare.

Deuxième mémorandum (1838) et quelques pages de 1864, par Barbey d’Aurevilly.

Curieuses notes sur lui-même, prises au jour le jour et non sans une certaine recherche par un homme qui cachait sous l’apparence correctement glaciale ou amèrement sarcastique du dandy de 1830, une âme passionnée de rêveur. Mélange de minutieux détails scrupuleusement notés avec une sorte d’affectation : « Fait coiffé… Habillé… Pris un bain… Acheté une cravate… Déjeuné d’une côtelette », de jolies phrases descriptives et de pensées parfois profondes. En résumé, document sur un homme et une époque, facile à lire et intéressant pour les amateurs de mémoires, qui aiment voir les gens de lettres du côté de la coulisse.

Le Danger, par Laurent Evrard.

M. Evrard cherche à donner à la vie quotidienne d’étranges dessous. Il nous parle avec insistance d’influence occulte et de mauvais œil ; il nous montre une femme qui empoisonne ses amants, uniquement pour le plaisir d’une sensation forte, avec le fard de ses lèvres… Ses personnages ne sont ni tout à fait sains, ni tout a fait déments ; il nous place dans une atmosphère artificielle et spéciale d’angoisse et il en résulte un frisson particulier que peuvent goûter certains lecteurs.

Mangwa, par Legrand-Chabrier.

Sous ce titre, nous avons une série de nouvelles, pas même des nouvelles, des croquis à la façon japonaise en teintes plates avec de minutieux détails. Presque tout le livre fait songer à Jules Renard, mais il y a d’étranges pages qui ne s’harmonisent point avec le reste. L’ensemble est distrayant pour ceux qui aiment lire, comme on grignote des bonbons, en manière de passe-temps et non pour se nourrir.

Josée, par Jean Chalon.

Roman belge : une jeune fille est séduite par un commis-voyageur. Elle le suit et, le voyant de près, le méprise. Elle revient dans sa famille et se tue plutôt que de l’épouser. Le fond est mélodramatique la forme est gauche, encombrée d’expressions du cru, d’abord distrayantes, puis fastidieuses ; les scènes importantes sont trop souvent escamotées, ce qui donne une impression de travail hâtif.