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LA VOUTE CÉLESTE

élevée au-dessus de l’horizon, parce qu’alors, en raison de la parallaxe binoculaire, par exemple, elle paraît plus éloignée que tout objet terrestre contenu dans le plan vertical passant par elle et l’observateur. Une méthode plus simple, plus directe et applicable dans tous les cas est la suivante : on demande à la personne qu’on interroge d’indiquer sur le sol quelque objet qui lui paraisse à la même distance d’elle que l’étoile considérée, et on mesure ensuite la distance qui sépare la personne de l’objet. À ceux qui nient qu’on voie les étoiles à des distances définies, je signalerai le fait suivant, facile à vérifier, et qui leur prouvera que leur assertion est exagérée : avec une personne sans parti pris, et en faisant comparer à cette personne la distance d’une étoile située haut dans le ciel, et, par exemple, celle des becs de gaz d’une longue avenue, on trouvera toujours deux lumières, l’une rapprochée, l’autre éloignée, dont la personne dira sans hésitation que l’une parait plus près et l’autre plus loin que l’étoile.

La voûte céleste paraît d’ordinaire surbaissée. La raison principale du fait est que, à mesure que notre regard s’élève de l’horizon vers le zénith, il cesse de rencontrer des objets (sommets d’arbres, par exemple) très éloignés de nous et que c’est, en conséquence, par rapport à des objets de plus en plus rapprochés, situés dans la direction du regard ou à peu près, que nous estimons la distance des étoiles ou des nuages qui sont vus dans la même direction ou à peu près. Supposons un nuage N comparé à un arbre A distant de nous de 100 mètres, et un autre nuage N’ comparé à un autre arbre A’ distant de 500 mètres ; la différence de parallaxe est minime pour les deux cas, et, par conséquent, est minime aussi la différence entre les distances qui nous paraissent séparer le nuage N de l’arbre A et le nuage N’ de l’arbre A’ mais l’arbre A nous parait beaucoup plus près de nous que l’arbre A’, et par conséquent le nuage N nous paraît aussi beaucoup plus près que le nuage N’. L’arbre A et l’arbre A’ nous paraissent à des distances très inégales de nous pour la raison suivante principalement : les mêmes étendues en profondeur sur le sol, quand il s’agit d’objets connus, sont vues égales, à quelque distance qu’elles soient de nous, lorsqu’elles sont exactement reconnues ; un champ, par exemple, que nous apercevons devant nous à 500 mètres nous paraît avoir la même profondeur que lorsque