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Page:La Revue du Mois, tome 2, 1906.djvu/245

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LA REVUE DU MOIS

Ainsi, la répartition du poisson dépendrait de celle du plankton qui s’expliquerait elle-même par les lois de l’hydrographie : il est vrai que le rapport entre ces dernières est complexe ou même incertain mais l’on conçoit néanmoins qu’il y ait là une chance de trouver quelque loi partielle de répartition du poisson.


III

Nous connaissons maintenant les méthodes de l’océanographie moderne, son esprit, ses tendances ; et comme nous nous proposons d’examiner finalement le bénéfice qu’on en peut tirer pour la pratique des pêches, nous avons eu soin, chemin faisant, de préciser leurs contacts. C’est ainsi que nous avons entrevu les relations possibles entre la pêche de Bohuslän et le conflit des eaux du Skagerrak, entre la pêche des Lofoten et le régime des courant aux Fœröé.

Toutefois, avant d’aller plus loin, il nous faut dépouiller l’océanographie de quelques mérites dont on l’a indûment parée ; on lui attribue souvent telles découvertes biologiques dont elle a été l’occasion sans en être la cause, et il s’est ainsi créé une équivoque que nous voudrions dissiper. Le programme international pour l’étude des mers du Nord comporte, nous l’avons dit, une série de questions relatives aux pêches ; pendant les croisières ou dans leur intervalle il est loisible aux savants, il leur est même recommandé, d’étudier certains problèmes biologiques ou réellement pratiques ; or, ces recherches promettent de devenir fécondes, si même elles ne le sont déjà, mais leur succès n’a rien à voir avec l’océanographie. Il est essentiel à nos yeux de distinguer le bénéfice de celle-ci que l’on s’exagère peut-être, et les bénéfices des études pratiques qui, pour nous, ne font aucun doute ; plus ces derniers seront grands et mieux s’affirmera l’opportunité des croisières biologiques mais il faudrait autre chose pour justifier économiquement les études océanographiques. Il faudrait, comme on l’a dit en Angleterre, que l’océanographie nous permît de prendre plus de poisson, ou de pêcher avec moins de peine, d’hésitations, de tâtonnements. C’était d’ailleurs son ambition et le public croit souvent qu’elle l’a justifiée. Cette croyance est-elle fondée ? C’est ce que nous allons examiner.