Page:La Revue du Mois, tome 2, 1906.djvu/268

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sions, mais il expose d’une manière nette et précise les observations qu’il a faites et chacun est à même de les discuter et de les critiquer, en connaissance de cause.

La première question étudiée par M. Binet est celle du sexe dans l’écriture. C’est là une des questions sur lesquelles ceux qui ne sont pas graphologues de profession consentiront volontiers à répondre et feront souvent des réponses satisfaisantes. Il était néanmoins intéressant de voir avec quelle exactitude cette détermination peut être faite, autrement dit quel est le pourcentage des erreurs. Les expériences de M. Binet ont porté, suivant les experts, sur cent à deux cents écritures. Le pourcentage des réponses justes est d’environ 70 p. 100. Si l’on répondait au hasard, il est clair que la réponse serait exacte une fois sur deux, c’est-à-dire que le pourcentage serait de 50 p. 100. Les graphologues de profession ont un pourcentage supérieur à celui des ignorants en graphologie. M. Crépieux-Jamin atteint 78,8 p. 100, M. Eloy 75 p. 100, une dizaine d’instituteurs et d’institutrices de Paris ont des pourcentages variant entre 63 p. 100 et 73 p. 100. Cette dernière proportion a été atteinte trois fois par des institutrices. Ces résultats sont déjà moins bons que ce que l’on aurait pu espérer ; bien des gens sont convaincus que rien n’est plus aisé que de reconnaître le sexe d’une écriture et affirment sans hésitation : Ceci est une écriture de femme, ceci est une écriture d’homme.

On peut se demander au contraire si la proportion obtenue n’est pas trop favorable aux graphologues. Les expériences ont porté sur des enveloppes de lettres. M. Binet avait eu soin d’en éliminer « les enveloppes trop féminines par leur forme et leur parfum », mais la rédaction même de l’enveloppe ne fournit-elle pas un renseignement sur le sexe du scripteur ? M. Crépieux-Jamin a déterminé exactement le sexe dans une proportion de 82 p. 100 pour les enveloppes dont le sexe est identique chez l’expéditeur et le destinataire, et de 74 p. 100 seulement pour les autres. Ces chiffres semblent indiquer une suggestion, consciente ou inconsciente. Mais il y a plus. Il semble difficile de mettre à l’actif de la graphologie des déterminations qui résultent seulement du texte, et qui pourraient être faites sur les documents recopiés ou imprimés. Je ne sais si je me fais des illusions à ce sujet ; il est très difficile d’avoir l’assurance que l’on répond avec impartialité à une question dont on connaît d’avance la réponse. Je serais donc très heureux si un certain nombre de nos lecteurs voulaient bien m’aider dans une expérience qui peut être regardée comme une expérience de contrôle de celles de M. Binet. Voici quatre des adresses reproduites par M. Binet dans son livre :