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L’APPARITION DE LA VIE SUR LE GLOBE

logue Dana. On ne peut plus mettre en doute l’existence dans les mers précambriennes de Mollusques, de Trilobites et de Gigantostracés, analogues à ceux qui pullulent dans les couches cambriennes et siluriennes.

Quelles conclusions devons-nous tirer de ces découvertes véritablement stupéfiantes ? Une seule s’impose avec une logique irrésistible : le monde précambrien est déjà un monde très vieux et sa découverte ne nous rapproche pas beaucoup plus du début de la vie sur la Terre que ne l’avaient fait les mémorables découvertes de Murchison, de Barrande et du Dr  Hicks dans les zones de plus en plus reculées des terrains Siluriens et Cambriens de l’Ancien Monde. Nous sommes condamnés à descendre beaucoup plus bas encore à travers les épaisseurs énormes des plus vieux sédiments.

Mais ici nous nous trouvons arrêtés par une difficulté à peu près insurmontable. Partout où l’on peut observer la base des couches précambriennes, on les voit reposer sur un terrain dont le mode de formation est demeuré longtemps énigmatique et que l’on avait qualifié prématurément du nom de terrain primitif, dans l’hypothèse que ce terrain résultait de la première consolidation d’une mince croûte solide à la surface du globe terrestre à l’état de fusion ignée. Ce terrain se compose essentiellement de micaschistes et de gneiss, au sein desquels se trouve parfois intercalées des bandes de calcaire cristallin ou d’amphibolites, riches en chaux et en magnésie. Toutes ces roches affectent un double caractère : d’une part elles sont composées de minéraux silicatés parfaitement cristallins, ce qui les rapproche au point de vue chimique et minéralogique des roches éruptives de la famille des granites ; mais d’autre part les éléments de ces roches ont une structure nettement feuilletée, tout à fait semblable à celle des roches sédimentaires les plus normales. En raison de cette double modalité, un géologue belge, d’Homalius d’Halloy, avait proposé il y a près d’un siècle la désignation de terrain cristallophyllien qui est très expressive et a été accueillie avec faveur par le monde savant. On emploie aussi très fréquemment le nom de terrain Archéen.

Bien peu de géologues se refusent aujourd’hui à admettre