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LA REVUE DU MOIS

que ces couches schisteuses et cristallines, aux surfaces miroitantes de paillettes de mica et de séricite, ont été à l’origine de véritables sédiments amorphes déposés à l’état de vases, de sables et de calcaires au fond des océans primitifs. La présence de bandes calcaires parfaitement conservées, de lits de grès et de conglomérats représentant d’anciens sables et galets de rivage, le parallélisme fréquent de ces strates avec celles du terrain précambrien et cambrien qui les recouvre, sont des arguments d’une grande force en faveur de cette manière de voir qui a été défendue en France par M. Michel Lévy. Par quel mécanisme s’est effectuée cette profonde modification métamorphique des sédiments anciens passés ainsi à l’état de roches cristallines presque semblables à des roches éruptives ? Il est nécessaire pour en avoir une idée un peu nette, de jeter un coup d’œil sur la série de phénomènes qui ont accompagné le dépôt des sédiments marins durant la longue série des temps géologiques. Ces sédiments, d’origine presque entièrement continentale, s’accumulent en épaisseurs énormes dans certaines parties profondes des océans, sortes de cuvettes à très large rayon, auxquelles Dana a appliqué le nom de géosynclinaux. Le fond de ces vastes dépressions doit présenter deux conditions nécessaires : 1° ne pas être trop éloigné des rivages d’un continent, source et point de départ des matériaux charriés par les fleuves ; 2° posséder un fond assez peu rigide pour permettre l’affaissement graduel de la croûte terrestre en ce point, probablement en partie sous le poids même des sédiments accumulés dans le fond du géosynclinal.

Les conséquences de cet affaissement, qui a souvent continué sans interruption pendant plusieurs périodes géologiques successives, ne sont pas difficiles à prévoir : en s’affaissant, la partie inférieure de cette série de couches, empilées parfois sur une épaisseur de plusieurs kilomètres, se rapproche de régions de la croûte terrestre soumises à des températures de plus en plus élevées ; on doit même admettre, si le mouvement d’affaissement est assez prolongé, que ces couches sédimentaires arrivent à se mettre en contact plus ou moins direct avec une partie du magma interne emprisonné à l’état de fusion, aux températures de 1500° à 2000°, au-dessous de la croûte solide qui constitue, sur une épaisseur de quelques kilomètres seulement, une mince pellicule à la surface du globe terrestre.